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25/07/2026
Benjamin Toniutti : « On veut forcément l'or »
L'équipe de France masculine de volley a intégré le village olympique mardi avant d'être présentée à la presse mercredi au Club France. L'occasion d'échanger avec le capitaine des champions olympiques, Benjamin Toniutti, à quatre jours du premier match face à la Serbie.
Vous êtes installés dans le village olympique depuis mardi, on imagine que vous avez désormais hâte de débuter la compétition ?
Oui, on était déjà prêts mentalement, mais quand on rentre dans le village, on sent vraiment que les choses arrivent. Il faut profiter, kiffer le moment, mais on doit aussi se concentrer sur ce qu’on doit faire individuellement pour aider l’équipe à performer.

Avez-vous tous été d’accord pour participer à la cérémonie d’ouverture vendredi soir ?
Il y aurait eu de la discussion si on avait joué le lendemain, mais comme on commence le dimanche, on a décidé avec le staff d’y aller. On l’a vécue à Rio, en mode « normal » dans un stade, c’était magnifique, là, ça va être complètement différent. On ne se rend pas compte d’où on va mettre les pieds, mais on est sûrs que ça va être quelque chose d’incroyable et que ça va nous laisser des souvenirs magiques.

Le format des JO a évolué cette année avec seulement trois matchs de poule (contre cinq auparavant), cela rend-il le premier match contre la Serbie encore plus important ?
C’est clair qu’on a moins le droit à l’erreur. On sait qu’on est attendus, on va être favoris de ce match, il faut vraiment essayer de ne pas penser à ce qui est extra-sportif, mais uniquement au terrain et à comment on doit jouer individuellement pour aider l’équipe, on ne doit penser qu’au volley.

Que t’inspire cette équipe de Serbie ?
Elle n’a pas fait de grands résultats sur les deux dernières années, mais elle s’est qualifiée, un peu à l’arrach sur le dernier week-end de la VNL. C’est une équipe qui a de l’expérience, avec des joueurs de qualité, on n’oublie pas qu’ils nous ont battus à l’Euro 2019 en demi-finale avant de gagner la compétition dans la foulée. Sur un match, cette équipe peut vraiment être en folie. En plus, elle aura sûrement moins de pression sur ce début des Jeux.

Justement, vous êtes les tenants du titre, vous allez jouer devant votre public, comment appréhendez-vous l’attente qui vous entoure ?
Il ne faut pas que ce soit une « extra pression », il faut au contraire qu’on se nourrisse du public pour performer encore davantage. On commence à prendre l’habitude depuis quelque temps de jouer dans des salles pleines en France, le titre olympique a été important pour ça. On a aussi tous l’habitude de jouer avec nos clubs dans des salles pleines et avec des capacités comme celle de l’Arena Paris Sud. Maintenant, on sait que ça va être encore plus haut, parce que c’est les Jeux olympiques, en plus en France, mais il faut profiter de ce public qui doit nous aider à nous transcender. J’espère qu’on aura une salle à 95% pour nous et que le public sera là pour nous mettre en feu, parce qu’on sait qu’on a besoin de ça pour arriver tout là-haut.

"On aura besoin de tout le monde à Paris"

Le titre olympique à Tokyo a-t-il débloqué certaines choses pour vous permettre de croire que vous êtes encore capables d’aller chercher un titre majeur ?
Déjà, les premières victoires, à partir de 2015, ont été importantes, on s’est dit que le volley-ball français était capable de gagner des titres majeurs. Après, les JO, c’est un tournoi à part par rapport à un Euro, un championnat du monde ou une VNL, donc oui, ce titre olympique a été très important pour nous. Notre force collective a été incroyable sur ces Jeux, que ce soit pendant la préparation ou pendant le tournoi, tout le monde a apporté quelque chose, a servi à l’équipe à un moment et a permis d’arriver jusqu'à cette médaille d’or. Cette force collective est la chose la plus importante et il faudra essayer de reproduire ça sur ces Jeux Olympiques de Paris.

Contrairement à d’autres sports, vous avez disputé (et gagné) en amont une compétition importante, la Volleyball Nations League, en mai et juin, est-ce un atout supplémentaire ?
C’est vrai que par rapport à d’autres sports où il n’y a pas beaucoup de tests avant les Jeux, nous, on en a eu beaucoup et nous avons vraiment utilisé cette VNL en mode préparation des Jeux Olympiques. C’était dur physiquement, parce qu’on a eu beaucoup de matchs et de voyages, on n’était pas forcément toujours dans les meilleures conditions pour jouer les matchs, mais collectivement, on a toujours été là, chacun a été important sur cette VNL. Et ça, c’est un signe important pour le staff, parce qu’on a eu besoin de tout le monde à Tokyo et on aura besoin de tout le monde à Paris.

Ce mois et demi de VNL, avec la victoire à la clé, vous a davantage soudés ?
Oui, mais ça nous a aussi donné l’occasion de montrer aux autres équipes que nous aussi, on était là, certaines nous avaient peut-être oubliés. On a senti qu’on avait débloqué quelque chose à partir du deuxième week-end au Canada, avec une victoire d’entrée contre l’Italie, une des meilleures équipes du moment, qui était en plus au complet, alors que nous, il nous manquait Earvin (Ngapeth) et Babar (Barthélémy Chinenyeze), deux joueurs super importants. A partir de là, on dit qu’il faudrait compter sur nous et on a continué à travailler jusqu’à gagner ce titre. Et la chose très importante aussi, c’est qu’après cette victoire, le staff, les joueurs, on est tout de suite passés à autre chose en mode ce n’est qu’une étape. On avait tous très envie de vite se retrouver pour débuter la préparation olympique.

"On a besoin du petit grain de folie
qui nous fait devenir plus forts"

On vous sent sereins avant d’attaquer ce tournoi olympique, on se trompe ?
Disons qu’on a tout fait pour arriver sur ces Jeux dans les meilleures conditions. On a bien travaillé, techniquement et physiquement, on a bien joué sur la VNL et on a gagné, donc on arrive confiants. Maintenant, on sait qu’il y a de l’adversité, on n’est pas les seuls à vouloir gagner une médaille. Je l’ai dit plusieurs fois, mais je pense que onze équipes sont capables de le faire, on en fait partie, c’est celui qui jouera le mieux qui montera sur le podium.

Est-ce que ce serait une déception de ne pas gagner de nouveau la médaille d’or ?
On a cette envie, cette ambition, après, de là à dire que ce sera une déception si on remporte la médaille d’argent ou de bronze, non. On veut l’or, forcément, le titre olympique à domicile, il n’y aurait rien de plus beau, mais être médaillé olympique à Paris, ce serait déjà quelque chose d’exceptionnel. Et avant cela, on veut déjà se qualifier pour les quarts de finale, et si possible rapidement.

Un mot pour finir sur Andrea Giani, qui vous a rejoints au début de la saison 2022, que vous a-t-il apporté ?
Avant d’arriver, Andrea nous connaissait en tant qu’adversaires, puisqu’il a été entraîneur de la Slovénie puis de l’Allemagne, il nous voyait dans les tournois, il savait qu’on était une équipe « bizarre » et il s’est bien adapté à nous, même s’il avait son idée de jeu en tête. Le fait d’avoir été cette année à 100% pour la Fédération a été très important, parce qu’il a pu venir nous voir dans nos clubs pour échanger avec nous et savoir ce dont nous avions besoin individuellement et collectivement. Et je pense qu’on a fait un travail incroyable depuis le début de l’été 2024, il nous a fait prendre conscience de certaines choses aussi, dans le sens où on disait souvent avant que la France n’était pas une équipe très forte au bloc ou au service ; lui nous a fait comprendre que oui, on était performants en défense et en réception, mais qu’on pouvait aussi l’être dans ces deux secteurs de jeu.

En quoi vous êtes une équipe « bizarre » ?
Je pense qu’on est vraiment différents - et c’est ce qui fait notre force – dans le sens où on a besoin du petit grain de folie qui nous fait devenir plus forts. On vit ensemble, pour certains, depuis presque vingt ans, on a toujours été comme ça, notre équipe a marqué l’histoire comme ça. Un peu comme les Barjots à l’époque du hand - j’ai vu un reportage sur eux, ils étaient vraiment fous – notre équipe est vraiment particulière et c’est ça qui nous a permis d’être aussi performants.