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(Miniature) Héléna Cazaute : « La Ligue des champions, c’est le Graal »
Photo : www.legavolleyfemminile.it
02/05/2024
Héléna Cazaute : « La Ligue des champions, c’est le Graal »
Plus de trois semaines après son dernier match joué, la demi-finale retour du Championnat d'Italie perdue face à Scandicci, Milan Monza dispute dimanche à Antalya (Turquie) la première finale de Ligue des champions de son histoire, face à un autre club italien, Conegliano. L'occasion de s'entretenir avec la capitaine des Bleues et réceptionneuse/attaquante de Milan Monza, Héléna Cazaute.
Comment s’est passée la préparation de la finale qui arrive après une assez longue période sans match pour Milan ?
C’est sûr que ce n’est pas évident de se préparer dans ces conditions, parce que ça fait maintenant plus de trois semaines que nous avons été éliminées en demi-finales du Championnat. Le plus dur a été de se remettre dans le bain après notre défaite qui nous a vraiment beaucoup atteintes. On a eu quatre jours off après le match, et quand nous sommes revenues, on avait encore en travers de la gorge cette élimination pendant quatre-cinq jours, ce n’est qu’après qu’on a réussi à faire le switch et à basculer vers cette finale de la Ligue des champions qu’il va falloir jouer à plus de 100% pour espérer remporter un titre cette saison, ce qui était l’objectif du club. Pour l’instant, on a échoué en demi-finales de Serie A1, en finale de la Coupe contre Conegliano, on attend impatience ce match qui peut ête une revanche sur toute cette saison, on espère que le petit quelque chose qui nous a manqué jusqu’ici va arriver dimanche. Maintenant, on sait qu’en termes de rythme, ça va être compliqué, même si on essaie de se mettre le plus possible dans des situations de match à l’entraînement. Il va falloir essayer de compenser ce manque de rythme par beaucoup d’envie et de rage pour bien rentrer dans le match.

Sur le papier, Conegliano, qui vient d’être sacré champion d’Italie après avoir remporté la Coupe, est-il le favori ?
Oui, clairement, elles sont favorites. Maintenant, il ne faut pas oublier qu’elles sortent d’une finale du Championnat qui s’est jouée en quatre manches avec des 3-2 à la clé, elles ont sans doute accumulé de la fatigue, même si elles vont l’oublier le temps du match et arriver à 100% sur cette finale. Ce qui est certain, c’est qu’on a tout aussi envie qu’elles de gagner ce match, le meilleur sera sacré.

D’une façon générale, comment juges-tu la saison de Milan ? Êtes-vous dans les clous des objectifs fixés ?
Je pense que c’est une saison assez mitigée, parce que pour l’instant, les objectifs n’ont pas été très clairement atteints, puisqu’ils étaient de gagner. Même si on savait que ça n’allait pas être simple, notamment avec cette équipe de Conegliano qui gagne beaucoup de trophées depuis des années, on reste sur ce sentiment mitigé, on arrive en finale de la Coupe d’Italie, on fait la Supercoupe, on aurait pu aspirer à mieux, on espère faire pencher la balance du bon côté ce week-end en gagnant cette finale.

Tu vas disputer ta première finale de Ligue des champions, comment appréhendes-tu ce rendez-vous ?
C’est clairement le Graal en club ! Ça fait quelques années que je regarde la finale de la Ligue des champions de mon canapé, le fait de la jouer, ça va être quelque chose d’incroyable. Surtout quand on pense à la manière dont on y est arrivés. On gagne en demi-finales sur le terrain de Fenerbahçe au golden set dans une ambiance incroyable, avec notre passeuse sur une jambe, moi perturbée par mon genou, on est vraiment allées chercher cette finale, ça donne encore plus de valeur à ce rendez-vous.

D’un point de vue personnel, comment juges-tu ta saison dans ce club qui est d’un niveau supérieur par rapport à tes précédents ? Et comment s’est passée ton intégration ?
Comme pour le club, je parlerais aussi de saison mitigée. J’ai eu pas mal de petits pépins techniques, à la cuisse en début de saison, puis le genou, maintenant l’épaule, ça a été parfois compliqué, même si j’ai eu une bonne période avec un enchaînement de bons matchs. Après, l’intégration s’est très bien faite, comme je parle italien, j’ai tout de suite eu un bon feeling avec les joueuses de l’effectif. Après, ce n’est pas évident d’arriver dans un club comme ça et de briller tout en suite en marquant 25 points à chaque match, il faut le temps de comprendre comment ça fonctionne, ce qu’on attend de nous, j’espère que la saison prochaine sera plus positive pour moi.

La concurrence est forte à ton poste de réceptionneuse/attaquante dans l’effectif, comment la vis-tu ?
C’est sûr qu’il y a une belle concurrence dans cette équipe et que ce sera encore le cas la saison prochaine. Dès le début, on s’est dit que la meilleure jouerait, donc on donne tout à l’entraînement. Après, il y a eu des blessures en cours de saison qui ont permis à chacune de tenir la baraque et de s’exprimer, on a pas mal alterné. Et j’ai trouvé que malgré la concurrence, il y avait vraiment une bonne ambiance entre nous, on n’a pas passé notre temps à se tirer dans les pattes. On s’est beaucoup soutenues, quand une était moins bien, on était là pour l’aider, pour apporter l’équipe, j’ai bien aimé l’atmosphère entre les récep/attaq, ça a été de la concurrence saine, ce qui n’est pas toujours le cas.

"J’ai vraiment hâte de retrouver les filles"

Après cette finale, tu vas couper pour retrouver l’équipe de France à Mulhouse le 20 mai avec de grosses échéances internationales à venir, est-ce difficile mentalement de passer si vite du club à la sélection ?
Non, pas du tout. Au contraire, je pense que mentalement, ça va être facile de revenir quand on voit les gros objectifs qui nous attendent. On en a bavé pour arriver jusqu’à cette Volleyball Nations League, quant aux JO, on nous en parle depuis cinq ou six ans, enfin, on y est ! Donc j’ai vraiment hâte de retrouver les filles et de disputer la VNL pour voir ce que c’est. Je sais que ça va être éprouvant et fatigant, mais on a tellement sué pour en arriver là que je pense que ça va surtout être du plaisir.

Tu es de l’aventure depuis le début de ce plan sur plusieurs années pour arriver à avoir une équipe de France performante aux Jeux, es-tu étonnée du niveau que vous avez réussi à atteindre pour justement gagner le droit de disputer cette VNL ?
Je pense qu’il nous manquait du travail, un projet concret et une bonne mentalité. Avec Emile (Rousseaux, le sélectionneur), on a changé d’état d’esprit depuis maintenant quelques années. On travaille beaucoup, physiquement, mentalement, techniquement, c’est ce qui explique qu’on en est là aujourd’hui. Maintenant, c’est vrai que l’évolution est assez incroyable et on n’a pas l’intention de s’arrêter là. On veut continuer au-delà des Jeux, on a toujours cette envie de travailler pour aller le plus haut possible. On n’a pas fait tout ça juste pour participer aux Jeux, on veut tendre vers le mieux et on espère bien continuer à progresser les prochaines années.

Comment aborder cette première VNL, sachant que derrière, il y a l’objectif des Jeux à la maison ?
C’est une bonne question ! Je pense qu’il faut effectivement réussir à bien gérer cette compétition pour ne pas arriver aux Jeux Olympiques complètement cramées. Certaines filles sortent d’une longue saison en club avec des matchs tous les trois jours entre le Championnat et les coupes d’Europe, je pense à Lulu (Lucille Gicquel) en Turquie (Bursa), Amandine (Giardino), Amélie (Rotar) et Emilie (Respaut) avec Nantes, comme Juliette (Gelin) avec Levallois Paris. Donc il va falloir être intelligent et gérer au mieux les situations physiques de chaque fille. D’un autre côté, on n’a pas envie de se mettre des barrières et on a envie de jouer chaque match pour le gagner, on ne veut pas aller en VNL pour perdre tous nos matchs. C’est un juste milieu à trouver.

Il n’y aura pas de descente à l’issue de cette saison, c’est une pression en moins ?
Oui, c’est un élément important à prendre en considération dans la façon de gérer le groupe. Maintenant, dans nos têtes, on va essayer d’en faire abstraction, parce qu’on n’a aucune envie de finir dernières, on veut jouer cette compétition à fond et voir de quoi on est capables face à des équipes de top niveau mondial.

Vous enchaînerez ensuite sur les Jeux, aujourd’hui, sens-tu l’effervescence olympique monter au moment où la flamme est en route pour Marseille ?
Oui, clairement. Je suis montée à Paris en mars pour une vidéo sur les Jeux pour un sponsor, quand je vais rentrer en France, il va y avoir le 16 mai le passage de la flamme olympique dans mon village à Gruissan, je serai présente. Donc oui, on sent que ça arrive, c’est dans moins de trois mois maintenant. On a hâte, même si on va d’abord se concentrer sur la VNL.

Qu’est-ce que la France peut viser sur les Jeux ?
On a vu les années précédentes que se mettre des objectifs nous avait toujours porté préjudice, donc on va rester sur la même ligne de conduite de ces trois dernières saisons, à savoir qu’on va se concentrer sur chaque match, donner tout à chaque fois, et on verra bien où ça nous mènera.