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(Miniature) Isaline Sager-Weider : « Je veux en profiter à fond »
Photo : Julien Crosnier / FFVolley
15/03/2024
Isaline Sager-Weider : « Je veux en profiter à fond »
Revenue l’été dernier à Mulhouse, le club de ses débuts professionnels, Isaline Sager-Weider est une joueuse très occupée, entre une fin de saison excitante avec le VMA, qualifié pour la finale de la Coupe de France et pour les playoffs de Ligue AF, et une activité de Fit Volley lancée il y a six mois. Marraine du Volley Santé pour la FFVolley, la centrale de 35 ans, qui mettra un terme à sa carrière en fin de saison, nous raconte tout ça.
Peux-tu nous expliquer pourquoi tu as fait le choix l’année dernière de revenir à Mulhouse, où tu avais déjà évolué de 2008 à 2013 ?
Pour plusieurs raisons : d’abord parce que j’avais besoin de retrouver ma famille et mes proches en Alsace, sachant que ça faisait dix ans que j’étais partie ; ensuite pour les valeurs du club qui me conviennent bien, et dans une perspective de reconversion, avec la possibilité de mettre en place des projets, notamment le Fit Volley (voir ci-dessous), en même temps que ma carrière de joueuse. J’ai toujours eu besoin de faire des choses à côté, parce que ça m’équilibre beaucoup, et là-dessus, le club a fait preuve d’une belle confiance en moi. Je voulais enfin signer dans un club sportivement ambitieux, car mon but est de gagner un titre avant la fin de ma carrière. J’ai été vice-championne de France avec Mulhouse (cinq fois) et joué des finales de Coupe (trois), mais je n’ai encore jamais gagné.

Quel est ton rôle dans cette équipe ?
Je savais qu’en venant à Mulhouse, je signais pour un poste de troisième centrale, c’était clair dès le début. Donc je rentre quand on fait appel à moi, j’ai aussi débuté plusieurs matchs cette saison. A côté de ça, j’ai un rôle de grande sœur, de conseillère auprès des plus jeunes, j’essaie aussi d’apporter mon énergie au groupe.

A deux journées de la fin de la saison régulière, Mulhouse est quatrième, le club est-il à sa place ?
Non, je pense qu’on devrait être à la deuxième place, parce qu’on est vraiment passées à côté de certains matchs qu’on aurait dû gagner. Ce qu’il faut comprendre, c’est que quand on est Mulhouse, on doit gagner, on a un statut à défendre, ce qui est normal au vu de l’investissement du club. Donc souvent, on affronte des équipes qui ont moins à perdre. Ce qui fait que dès qu’on joue un peu moins bien, qu’on pèche par manque de régularité, on le paie. Mais je pense que sur cette fin de saison, on se connaît mieux, on est plus régulières, on est sur la bonne voie.

Vous disputerez la finale de Coupe de France le 30 mars face à Nantes à Paris, dans quel état d’esprit allez-vous aborder ce rendez-vous ?
C’est un très gros objectif pour le club, c’est quand même le moyen le plus rapide de gagner un titre et il ne reste qu’un match pour y arriver, donc ce serait magnifique de remporter le trophée. On va affronter une bonne équipe de Nantes, qui est très régulière cette saison, elle a emmagasiné énormément de confiance en gagnant beaucoup de matchs, on sent que le groupe vit bien, c’est clair. Maintenant, je pense que si on arrive à être toutes à notre meilleur niveau en même temps et à rester régulières tout le match, on a vraiment les arguments pour les embêter.

Quelles sont les forces de Mulhouse cette saison ?
On a de très bonnes individualités, un mélange de jeunesse, avec des joueuses à haut potentiel comme Mija Siftar qui a 18 ans, et d’expérience, avec des filles habituées à la Ligue A, comme Carli Snyder, Nana Tchoudjang. On a un groupe qui vit bien et de mieux en mieux, mais comme je te le disais, pour performer, il faut qu’on arrive toutes à « matcher » en même temps, ça nous est arrivé cette saison de gagner avec seulement une ou deux joueurs vraiment à leur niveau pendant tout le match. Si on peut être six à y arriver, je pense qu’on peut décrocher un titre d’ici la fin de saison, entre la Coupe et le Championnat.

En Ligue A, Nantes est un peu décroché en tête, mais derrière, c’est assez serré, cela veut-il dire que le titre sera assez ouvert au moment où débuteront les playoffs ?
Oui, car pour moi, les playoffs, c’est vraiment une nouvelle compétition, à la fois physique et mentale, dans le sens où on va jouer une fois tous les trois jours. Il peut tout se passer, on a vu dans les années précédentes qu’il pouvait y avoir des surprises, la pression est vraiment différente sur cette phase finale. Donc je pense sincèrement qu’on a nos chances, comme les autres.

"Je serai toujours motivée et disponible pour l’équipe nationale"

Est-ce ta dernière saison ?
Oui, maintenant j’en suis sûre, je le sais depuis quinze jours, c’est très récent. Dans un premier temps, même si je savais que ça allait forcément arriver un jour, j’ai été très triste. Maintenant, je suis plutôt dans le fait de profiter à fond, j’ai retrouvé pas mal d’énergie, j’ai envie d’aider l’équipe au mieux et d’apporter tout ce que je peux pour ne pas avoir de regrets et tenter de terminer ce parcours en beauté, le plus haut possible.

As-tu déjà une idée de ce que tu as envie de mettre en place derrière ?
J’ai des idées tous les jours, mais tous les jours, ça change ! J’ai déjà des projets en cours, notamment sur l’activité Fit Volley que j’ai développée ici, j’ai aussi passé mes diplômes d’entraîneuse. Je me dis aussi qu’une fin de carrière de joueuse est peut-être un moment de vie où on a envie d’autre chose, il faut penser à son équilibre mental. Cela fait vingt ans que je m’entraîne tous les jours, que je n’ai pas de week-end et très peu de vacances, donc il va falloir que je réfléchisse à la meilleure façon de démarrer cette nouvelle vie.

Tu es marraine du Volley Santé pour la Fédération Française de Volley, peux-tu nous raconter pourquoi tu t’investis dans ce domaine ?
Comme je suis diplômée d’un Master en activité physique adaptée, j’avais commencé dès 2011 à m’impliquer dans le domaine du volley assis. En plus de dix ans, cette discipline s’est bien développée, et aujourd’hui, elle est sur de bons rails en France. Du coup, j’ai eu envie de m’intéresser à autre chose, et particulièrement au Fit Volley. C’est une discipline qui mélange fitness et volley-ball avec des ballons adaptés, ça permet de toucher 90% de la population, c’est vraiment du sport collectif, mais adapté aux pathologies, aux envies et au niveau de chacun, ça me plaît beaucoup.

Comment ce projet s’est-il concrétisé ?
J’ai ouvert une section de Fit Volley au VMA, à raison de deux séances par semaine. J’ai commencé avec des mamans en même temps que l’entraînement des petits, ensuite, on a étendu les séances au sport sur ordonnance, à des bénévoles du club, on a passé un partenariat avec une maison de santé… On se rend compte que le sport santé correspond vraiment aux besoins de toutes les personnes qui ont envie de démarrer ou de reprendre une activité physique, mais ne savent pas trop quoi faire et n’ont pas forcément envie d’aller dans une salle de fitness. Ce qui est génial, c’est qu’on peut adapter le Fit Volley à chacun. Mon principe, c’est de commencer par 45 minutes d’exercices basiques avec ce ballon qui permet des réalisations techniques très simples car il est plus léger, plus gros, il n’y a pas de douleur… Ensuite, je fais des circuits fitness avec des ateliers qui ont plusieurs niveaux, ce qui permet à chacun de se dépasser, mais à son échelle. Le tout en musique, dans une bonne ambiance, ça marche bien, on a eu 20 licences en même pas six mois. Et quand je vois les progrès des participantes - car pour l’instant, je touche essentiellement un public féminin, ce qui est dommage -, les maladies chroniques et le taux de cholestérol qui diminuent, les bienfaits sur le ressenti physique et mental, je trouve que c’est hyper enrichissant et ça donne envie d’aller encore plus loin.

Finissons par l’équipe de France, dont tu portes le maillot depuis 2012, et qui s’apprête à vivre une saison historique, entre première participation à la Volleyball Nations League puis aux Jeux Olympiques, te considères-tu toujours dans le projet ?
Oui, bien sûr ! J’ai toujours été fière de porter le maillot bleu et tant qu’il restera une possibilité de jouer en équipe nationale, je serai toujours motivée et disponible, comme je le suis depuis 2012, et même avant en jeunes. Tout le monde rêve de finir sa carrière en beauté, donc évidemment que si j’ai une chance de terminer la mienne en participant aux Jeux, en plus à Paris, je me donnerai à fond. Maintenant, je sais qu’il n’y a pas 10 000 places dans l’équipe, que certaines joueuses ont plus joué que moi cette saison, mais jusqu’au bout, je veux continuer à y croire et si Emile (Rousseaux, le sélectionneur) fait appel à moi, je répondrai bien évidemment présente, que ce soit pour la VNL ou les JO.