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14/01/2022
L’interview bleue : Juliette Gelin
Sortie de l’IFVB en 2020, Juliette Gelin a débuté en pro la saison dernière sous les couleurs de Chamalières avant de s’engager pour le prestigieux Racing Club de Cannes. Agée de 20 ans, la libero installée en équipe de France évoque la saison en cours et le dernier été en Bleu.
Commençons par l’actualité : Cannes sort de deux matchs de Ligue A en cinq sets, une victoire à Evreux et une défaite à Paris, quelle analyse fais-tu de ces deux rencontres ?
On a joué deux matchs intenses mentalement et physiquement, d’autant qu’on sortait d’une période de Covid pour la plupart d’entre nous et qu’on jouait dans une disposition inhabituelle : à Evreux, on ne joue qu’avec une centrale sur le terrain et notre deuxième passeuse ; à Paris, on a une deuxième centrale mais toujours notre deuxième passeuse qui a moins l’habitude de jouer. Donc forcément, les relations passe/attaque sont moins faciles à mettre en place, d’autant qu’on n’a quasiment pas eu le temps de travailler ces automatismes à l’entraînement à cause du Covid
. Finalement, on a fait dix sets en moins de trois jours, ça n’a pas aidé à la récupération, mais je pense que ces deux matchs resteront une belle étape pour l’équipe, dans la mesure où cette situation un peu étrange nous a forcées à se mettre au service du collectif, on a senti une nouvelle force dont je ne soupçonnais pas l’existence en début de saison. Certaines joueuses se sont révélées pour le collectif, c’est une bonne chose de sentir ça. Au final, on revient avec trois points sur six alors qu’on aurait très bien pu n’en prendre aucun, on a sauvé les meubles.

Vous n’aviez effectivement pas joué depuis plus de trois semaines, l’effectif a été touché par le Covid ?
Notre dernier match remontait au 18 décembre, on a eu cinq jours de coupure avant Noël, mais au moment où on devait reprendre, plein de joueuses ont en effet attrapé le Covid, ce qui a été mon cas, on est un peu toutes tombées comme des mouches ! Si bien qu’il n’y avait que quatre ou cinq joueuses à l’entraînement à la reprise. Personnellement, j’ai été isolée une semaine, je n’ai pas eu de gros symptômes, du coup, j’ai assez vite repris le sport chez moi, dans mon garage, pour faciliter la reprise en vue de la suite, mais contre Evreux, j'ai senti après le troisième set que je n'avais plus de jambes, j'ai vraiment tenu au mental. L’avantage maintenant qu’on a quasiment toutes eu le Covid, c’est qu’on est "libérées" pour toute la fin de la saison !

Comment juges-tu la première partie de saison du Racing ?
Je dirais qu’il est convenable, après, quand on veut tout gagner et qu’on vise le titre, on est frustré dès qu’on perd un match, mais je trouve qu’on progresse depuis le début de la saison, je n’ai pas l’impression qu’on stagne, donc c'est encourageant pour la seconde partie de saison.

Qu'est-ce qui vous sépare selon toi des deux équipes qui dominent aujourd’hui la Ligue A, Le Cannet et Mulhouse ?
Sans doute un peu de banc et de la constance.

Quels sont les objectifs du club cette saison ?
Tout gagner, clairement ! Et la première partie de la saison ne nous empêche pas d’y croire. On sait qu’une saison, c’est long, et plus on se rapproche de la fin, plus on sait que les matchs sont importants, avec les playoffs qui approchent, mais aussi, pour nous, les quarts de finale de la Coupe de France et de la Challenge Cup.

Comment vois-tu justement votre quart de finale européen à venir contre les Italiennes Scandicci ?
C’est une équipe très forte, mais j’ai regardé tous leurs matchs depuis le début de la saison et je pense qu’il y a une petite porte qui peut s’ouvrir, il faudra qu’on soit assez intelligentes et fortes pour s’y engouffrer, pour moi, c’est faisable.

Quand tu regardes leurs matchs, sens-tu une différence par rapport à la Ligue A ?
Oui, surtout au niveau de la vitesse de jeu. En match de pré-saison, nous avions joué contre Cuneo (l’équipe de Lucille Gicquel) qui n’est pas dans les premiers du championnat d’Italie, je trouvais que ça jouait super vite, c’est propre, habile, ça se jette partout. Après, ce n’est pas ça qu’il faut s’avouer vaincu.

"A partir du moment où, sur le terrain, tu fais tout pour que
la balle ne tombe pas par terre, tu t’intègres plus facilement"

A titre personnel, quel bilan avais-tu fait de ta première saison pro ?
Le bilan, c’est que j’avais rempli tous les objectifs que je m’étais fixés sur la saison. Quand j’avais signé avec Chamalières, je savais que je venais pour un an et que c’était un club tremplin pour viser ensuite un club du Top 5. Après, c’était à moi de faire le job, je suis globalement satisfaite de cette saison, même si on peut toujours faire mieux, je pense en tout cas avoir tout donné.

As-tu eu d’autres opportunités que Cannes ?
Oui, mais Cannes m’a vite montré ses ambitions et son intention de me confier une place de titulaire sans même m'avoir vue jouer, c’était un vrai gage de confiance. Et par rapport à mes ambitions futures, c’était la bonne transition pour moi de signer ici.

Est-ce une grosse marche ?
Oui, parce que la pression, l’état d’esprit et les responsabilités ne sont pas les mêmes, mais comme c’était l’objectif que je m’étais fixé et que je m’étais donné les moyens de réussir cette transition, je n’ai finalement pas l’impression que la marche est si haute. En signant ici, je voulais sentir ce poids des responsabilités, cette pression, c’est un bon exercice pour moi, malgré mon jeune âge, d’arriver à m’imposer et de prendre des responsabilités sur le terrain avec sur le dos un maillot qui te rappelle que Cannes, c’est plus de 20 titres de champion de France, deux Ligues de champions… Quand tu signes ici, tu prends l’historique du club sur les épaules, ça ne veut pas dire que c’est toi qui as réalisé tout ça, mais tu es là pour continuer à construire ce palmarès.

Ne ressentais-tu pas quand même un peu d’appréhension en arrivant ?
Si, clairement ! Il y a des filles dans cette équipe qui ont beaucoup d’expérience de la Ligue A, des grands clubs et des grandes compétitions internationales, en club ou en sélection, donc ça me faisait un peu peur, mais ça s’est très bien passé, j’ai tout de suite été très bien accueillie. Après, quand on a des ambitions et que le seul objectif qu’on a, c’est de gagner, je ne vois pas comment on peut être mal intégré. A partir du moment où, sur le terrain, tu fais tout pour que la balle ne tombe pas par terre, tu t’intègres plus facilement. Je me suis mis un petit coup de boost dès le début pour que les filles m’acceptent vite, ce qui a été le cas, et j’ai aussi été très bien accueillie par le coach. Si on m’accorde de la confiance, je peux faire beaucoup de choses pour mon équipe.

Et t’es-tu facilement intégrée à la ville de Cannes ?
Oui, je m’épanouis dans cette ville, je prends mes marques dans ma vie de jeune femme et ça me fait du bien de vivre ça ici, il y a la mer, un centre-ville sympa, les villes à côté comme Nice, Antibes et d’autres, il y a plein de choses à découvrir.

"Si on veut viser une médaille aux JO,
il faut avoir des attentes de plus en plus élevées"

Finissons par l’équipe de France : que gardes-tu de la saison 2021 qui s’est achevée par un quart de finale lors de l’EuroVolley 2021 face à la Serbie ?
Je garde beaucoup de travail, de temps passé ensemble et surtout une progression collective et individuelle, ce qui est notre objectif commun, c’est de bon augure pour la suite. Au vu de notre préparation et des matchs amicaux qu’on avait disputés pendant tout l’été, ce résultat final ne m’a finalement pas surprise plus que ça, parce qu’on avait fait des bons résultats contre des nations de bon niveau international. On avait senti une évolution, ce qui nous a permis de prendre conscience qu’on était capables de faire de bonnes choses contre ce genre d’opposition et de tenir un niveau de jeu correct. Je ne dis pas que c’était évident, parce qu’on aurait très bien pu ne pas y arriver, mais ce n’était pas non plus au-delà de nos espérances.

Et à titre individuel ?
J’en garde le fait que petit à petit, j’arrive à faire mon trou et à aider l’équipe de France, avec ce que je peux apporter. Et je pense que plus les étés vont passer, plus je pourrai apporter, c’est en tout cas mon objectif.

Ce type de résultat est-il désormais le minimum que doit se fixer l’équipe de France ?
Oui, forcément, chaque compétition est différente, mais si on veut viser une médaille aux JO, il faut effectivement avoir des attentes de plus en plus élevées à chaque compétition que l’on joue.

Cet objectif de médaille aux JO te semble-t-il réalisable ?
Je ne peux pas dire oui à 100% aujourd’hui, parce que je suis réaliste et que je connais le niveau de la concurrence, je me rends bien compte qu’il y a encore des nations qui sont devant nous. Maintenant, les JO, c’est une compétition très particulière, en plus à domicile, on ne sait jamais ce qui peut se passer, tout est possible. Par exemple à l’Euro, on a pris un set en quarts de finale à la Serbie, je pense que pas grand monde n’avait misé un kopeck sur le fait qu’on allait gagner ce premier set.

Deux ans et demi, ça te paraît encore loin ou tu y penses de plus en plus souvent ?
J’y pensais déjà très souvent il y a deux ans, là, c’est encore plus le cas, c’est un objectif tellement important à mes yeux que je ne peux pas ne pas y penser.