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(Miniature) L’interview bleue : Jenia Grebennikov
Photo : https://vczenit-spb.ru/
23/12/2021
L’interview bleue : Jenia Grebennikov
Le Zénith Saint-Pétersbourg, actuellement 5e du championnat russe, accueille samedi et dimanche le Final Four de la Coupe de la Russie, avec une demi-finale à venir face au Dinamo Moscou. L’occasion d’échanger, avec son libero champion olympique, Jenia Grebennikov, qui dispute sa première saison en Super League.
Le Zénith occupe la 5e place de Super League quasiment à mi-saison, quel bilan dresses-tu de cette première partie de championnat ?
Je pense que pour l’instant, nous sommes à notre place, on a eu des problèmes de blessures, avec notamment celle de notre pointu (Viktor Poletaev), un des meilleurs pointus russes et du monde, qui s’était blessé pendant les Jeux Olympiques et est en train de revenir. Il a joué quatre sets en tout, et ces quatre sets, on les a gagnés, donc c’est très encourageant pour l’équipe et je pense qu’il sera prêt pour le Final Four de la Coupe. Ces blessures ont rendu la gestion de l’équipe un peu compliquée, donc on va dire qu’on est là où on devait être. On a battu les équipes a priori plus abordables, on n’a pas eu de grosses désillusions, en revanche, on n’a pas battu celles qui, avec nous, font partie des quatre favoris pour le titre, on a eu du mal à rivaliser avec elles. Maintenant, quand l’effectif sera au complet, je suis sûr qu’on pourra mieux faire.

Penses-tu que vous avez coup à jouer sur ce Final Four de la Coupe ?
On attend forcément beaucoup de la Coupe, d’autant qu’on joue chez nous, mais au vu de ce que je viens de te dire, on part un peu comme les outsiders. En demi-finale, ça va être seulement notre deuxième match avec l’équipe-type, on ne sait pas trop à quoi s’attendre. En championnat avec cette équipe-type, on a gagné 3-0, mais c’était contre le sixième, pas contre un cador, on n’a pas vraiment pu juger notre niveau avant ce Final Four, le match contre le Dinamo va nous plonger directement dans le bain. J’espère que ça va aller, devant notre public, mais pas dans notre salle habituelle, on va jouer dans la salle où aura lieu l’année prochaine le Championnat du monde. C’est une ancienne patinoire où s’est déroulé il y a longtemps le championnat du monde de hockey, j’aurais préféré qu’on joue dans notre salle qui est vraiment canon.

Comment juges-tu le niveau des autres équipes de ce Final Four et particulièrement du Dinamo Moscou qui est le tenant de cette Coupe, mais aussi le champion de Russie sortant ?
Le Dinamo, c’est vraiment très puissant, ils misent tout là-dessus, quand ça passe, ils peuvent tout casser, on dirait un tank ! Personnellement, j’aime mieux la manière de jouer de Kazan, avec un jeu très collectif, plus technique, plus « européen », avec des joueurs qui sont complémentaires, c’est une équipe qui a des atouts dans tous les secteurs de jeu. Lokomotiv (Novosibirsk), c’est un peu dans le même style que le Dinamo. En tout cas, les quatre équipes sont assez différentes, nous, je ne sais pas trop où nous placer, on est un peu à la recherche de notre jeu. On essaie tous d’apporter quelque chose, mais on n’a pas encore notre style propre, je suis persuadé que maintenant qu’on est au complet, ça va venir. Ce qui est certain, c’est qu’on n’est pas encore assez réguliers, j’aimerais bien qu’on trouve cette régularité pour espérer faire quelque chose.

"Quand ça passe, c’est dévastateur"

D’une façon générale, quel regard portes-tu sur le niveau du Championnat russe ?
C’est assez fidèle à l’idée que je m’en faisais, à savoir que c’est super puissant, avec de grosses prises de risque au service et à l’attaque, ça peut entraîner des erreurs, mais quand ça passe, c’est dévastateur. C’est le jeu typique russe, ça saute très haut et ça tape très fort, limite un concours de celui qui va monter le plus haut et taper le plus fort ! Il y a beaucoup de balles hautes, c’est moins rapide que ce que j’ai connu en Italie, mais au niveau puissance, c’est au-dessus, et les mecs freinent beaucoup de ballons au bloc. Même chez le dernier du Championnat, tu as un mec qui peut sortir du fin fond du banc et t’envoyer un missile, tu te demandes comment il fait. Et ça peut partir dans tous les sens, dans la tribune en haut à droite comme pleine ligne. C’est assez improbable, il faut s’habituer à cette puissance.

Cela t’oblige-t-il à t’adapter, à changer ton jeu ?
Oui, forcément, ça dépend des équipes, mais je dois faire attention à cet aspect, et c’est une super expérience pour moi de voir un autre style de jeu.

Et quel regard portes-tu sur ton club, sur les infrastructures ? Quelles sont les ambitions ?
Le Zénith est un club encore jeune, il a cinq ans, il a encore besoin de grandir, mais on est bien entourés, c’est très pro. Le seul hic, c’est qu’on ne s’entraîne pas dans notre salle de match, on a une académie de volley-ball qui nous accueille tous les jours pour nous entraîner, on a juste une séance la veille des matchs dans notre salle qui est une des plus belles que j’aie jamais vue. Après, les objectifs, c’est de gagner ! Donc il y a forcément un peu de pression, mais c’est comme ça dans tous les clubs qui ont des ambitions, j’ai déjà vécu ça en Italie. Je pense que si on a notre équipe au complet, tout sera possible, même si le niveau est super élevé.

Et en Ligue des champions ?
C’est forcément aussi un objectif, on veut essayer d’aller le plus loin possible (le Zénith a remporté ses deux premiers matchs contre Benfica et Novi Sad et ira à Berlin début janvier), mais ici, c’est surtout le Championnat qui compte.

"Saint-Pétersbourg, c’est comme si c’était Paris sous la neige"

Tu as récemment joué devant une partie de ta famille, c’était où ?
Oui, j’ai une partie de ma famille du côté de mon père qui habite à Nijni-Novgorod, je n’avais pas été là-bas depuis quinze ans et on y a été la semaine dernière, c’était super sympa de jouer devant eux, il y avait 15 personnes, dont mon tonton, mon cousin avec sa famille, c’était vraiment cool, j’étais très content de les revoir.

Comment t’adaptes-tu à la vie russe ?
Franchement, je suis super surpris, je ne m’attendais pas à une telle qualité de vie. Il fait froid, OK, les voyages sont un peu longs car on doit souvent changer d’avions, mais la ville de Saint-Pétersbourg est incroyable, magnifique, c’est comme si c’était Paris sous la neige, avec moins de bouchons ! J’ai la chance de vivre dans un beau quartier, pas loin de la salle. J’avais un peu d’appréhension sur la nourriture, mais là encore, les restos sont super bons, les prix sont corrects. La seule chose qui est un peu plus difficile à trouver, ce sont les bons fruits. On va dire que c’est le seul hic !

Il fait vraiment froid en ce moment ?
Il fait -13, ressenti -20, mais ça va. Franchement, je m’attendais à pire, il fait en général assez sec. Le problème, c’est quand il y a du vent, là, il fait vraiment froid, mais la qualité des habits ici et des manteaux est d’un autre niveau, les matières sont adaptées aux besoins qui sont différents, donc ça tient bien chaud.

On imagine que le fait de parler russe a facilité ton intégration ?
Oui, c’est clair que c’est un super avantage, j’ai été direct dans le bain. Je ne parle pas très bien, mais je fais rigoler les mecs avec mon accent français. Pour un étranger qui ne parle pas du tout russe, c’est bien moins évident, d’autant qu’il y a très peu de Russes qui parlent anglais. Certains font quand même l’effort.

Et le fait d’être arrivé dans la peau d’un champion olympique vainqueur de la Russie en finale des JO ? Quel accueil as-tu reçu ?
Franchement, heureusement qu’on les a battus, parce que je n’aurais pas supporté, j’ai quatre internationaux russes dans l’équipe, plus le coach (Tuomas Sammelvuo dirige le Zénith et l’équipe de Russie) ! C’est vrai que ça m’aide, quand ça chambre, j’arrive à les faire taire en leur rappelant qui est champion olympique (sourire). Plus sérieusement, ils sont quand même contents de leur médaille d’argent, je pense qu’ils s’en veulent surtout d’avoir perdu le match contre nous en poule, car s’ils nous avaient battus, on aurait été éliminés, ils m’ont parlé de ça plusieurs fois.

Repenses-tu encore souvent à ce titre olympique ?
Ça commence à s’éloigner un peu, mais ici, il y a toujours quelqu’un pour me rappeler que je suis champion olympique, les gens s’en souviennent, donc c’est cool. Et j’ai la médaille à la maison, plus les échanges avec les autres joueurs de l'équipe de France, même si, en ce moment, c’est un peu plus rare car on est tous dans notre saison en club.