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(Miniature) L'interview bleue : Kevin Tillie
Photo: Facebook - Tours VB
18/12/2021
L'interview bleue : Kevin Tillie
A 31 ans, et après de nombreuses saisons à l'étranger, Kevin Tillie découvre le championnat de France, sous les couleurs de Tours. Le réceptionneur-attaquant champion olympique est un élément majeur du TVB, leader de Ligue A avant d'affronter Cannes, et se montre très heureux de ce début de saison.
Kevin, tu as rejoint Tours cet été. Es-tu heureux de ton début de saison en France ?
Tout se passe très bien. On arrive déjà à la moitié de la saison, face à Cannes c’est le dernier match de la première partie de saison. C’est très positif pour le moment, je suis très content. On a un groupe sympa, qui gagne. Et il y a du monde dans les salles, ça fait plaisir de voir du public, il y a toujours beaucoup de monde à Tours ou dans les salles où on va. C’est top, j’espère que ça va continuer comme ça jusqu’au bout.

Tu connaissais la Ligue A en tant que spectateur, tu la découvres sur le terrain. Comment est ce championnat ? Y’a-t-il des choses qui t’ont surpris ?
C’est un championnat avec beaucoup de joueurs qui viennent de différents pays, c’est très varié. Ça amène un petit truc en plus. Il n’y a pas d’équipe « typique » française. Chaque équipe a son « truc », il y a beaucoup d’Argentins, de Brésiliens, de Cubains, de joueurs des pays de l’Est. Ça fait que chaque week-end, chaque équipe a un style différent. Ce n’est pas comme dans d’autres pays, comme en Italie où les équipes sont souvent physiques et fortes au service. Dans le championnat de France, c’est très diversifié. Tu peux avoir une équipe très bonne en service-bloc, une équipe très forte en attaque, une équipe très forte en réception-défense… Et ça fait que le championnat est très varié, très homogène. Tout le monde peut battre tout le monde.

Et qu’est-ce que cela te fait de retrouver un vestiaire français, après toutes ces saisons à l’étranger ?
Ça ne change pas grand-chose pour moi. Je parle beaucoup plus français, dont ça fait plaisir. Mais je me sens comme d’habitude, je parle beaucoup avec les étrangers, je parle avec les Français, on rigole bien, ça se passe bien. Il y a de la bonne humeur.

Sur le terrain, tout va bien, vous êtes leaders, vous étiez invaincus jusqu’au week-end dernier…
On a perdu contre une équipe de Sète qui a été très forte chez elle au niveau service-bloc-défense. Ça nous a un peu surpris, on n’a pas réussi à changer notre jeu pour gagner. C’est ce que qu’on avait réussi à faire depuis le début. C’est juste un match, on va apprendre de ces erreurs. On va continuer dans ce que l’on fait, et on espère gagner contre Cannes.

On voit que Tours a construit une belle équipe. C’était obligatoire pour toi, pour revenir en France, de rejoindre un gros projet ?
Oui, forcément. Je suis venu à Tours pour ça. Je connais les ambitions de Tours, je connais le club, je sais comment il est organisé. Je connais très bien le manager, Pascal Foussard. Je savais où j’allais. Et pour le moment je suis très content, même si on a eu quelques soucis au début avec des blessures, dont une très grosse de notre pointu (le Brésilien Aboubacar Drame Neto, touché au tendon d’Achille avant même le début de saison, ndlr). Ce n’était pas forcément bien parti, mais on a réussi à changer les choses et à gagner les matchs.

L’objectif du club cette année, c’est le titre et rien d’autre ?
Oui. Même si partout où je vais, j’essaye de gagner (rires). C’est le but de chaque équipe. On a des objectifs assez élevés, ça ne va pas être facile, mais c’est pour ça qu’on est là.

Samedi, vous croisez justement le champion en titre, Cannes, qui est en difficulté cette année…
Ils ont eu beaucoup de soucis de blessure, certains joueurs sont partis, d’autres sont arrivés. Il faudra quand même qu’on se concentre sur notre jeu, parce qu’ils sont capables de sortir des gros matchs. Il faudra être bons.

En plus du championnat, il y a aussi la Coupe CEV, avec une superbe affiche qui se profile contre Modène, un de tes anciens clubs…
Ça fait plaisir ce genre de matchs, mais c’est une rencontre comme une autre. Il faut gagner, que ce soit contre Modène, ou une équipe hollandaise. C’est pareil. On est tous des professionnels, on ne va pas les regarder d’une autre façon qu’une autre équipe. C’est une équipe forte, mais il y aura un match, et il faudra essayer de gagner.

Tu auras notamment un Français, un certain Earvin Ngapeth, de l’autre côté du filet…
En ce moment, je croise beaucoup de Français, j’ai l’habitude (rires). C’est vrai que quand on joue dans un championnat italien ou polonais, c’est toujours sympa de croiser un Français. Mais là, c’est différent, et j’ai déjà croisé d’autres champions olympiques. On va se saluer, bien sûr, mais sur le terrain, on va tout donner.

"Quand on a besoin de moi, j'essaye d'être présent"

Au niveau personnel, es-tu content de tes performances ? Tu as déjà eu trois trophées de MVP.
Moi, tant qu’on gagne, tout va bien ! Que je joue bien ou mal, tant qu’on gagne et que ça se passe bien pour le club, ça me va. Quand une équipe gagne, tout va toujours bien. Je suis content de ce qui se passe, et on essaye de bosser dur pour que ça continue.

C’est une réponse qui te correspond bien, toi qui es connu pour ta polyvalence, et cette capacité à faire ce dont ton équipe a besoin. Mais on voit que tu as beaucoup de responsabilités en attaque avec Tours…
Ça dépend si on a besoin de moi ou pas, ça dépend des équipes. A Varsovie, j’avais à peu près le même rôle je pense. L’année dernière aussi en Italie, d’autant qu’on n’a pas eu notre pointu pendant quelques mois. J’ai l’habitude de ce rôle. Quand on a besoin de moi, j’essaye d’être présent, de faire ce que je peux.

En tant que joueur de l’équipe de France, et encore en plus tant que champion olympique, tu as dû recevoir un bel accueil dans les salles de Ligue A ?
C’est sympa, c’est vrai. Il y a toujours du monde. Même à l’extérieur, j’entends parfois des « Allez Kevin ! », c’est toujours cool. Ce qui est bien,, c’est qu’à Tours la salle est souvent assez remplie depuis le début, malgré le fait qu’on ait beaucoup de matchs, presque deux par semaine. Les gens viennent et veulent voir du volley, c’est génial.

C’est l’effet JO ?
Je ne sais pas, je ne suis pas forcément bien placé pour en parler, comme je n’étais pas là avant. Mais c’est vrai que je vois qu’il y a du monde qui s’est intéressé au volley pendant les Jeux Olympiques, qui a découvert le volley. Ils nous ont vus, il y a de plus en plus de gens qui en parlent, donc c’est cool.
"Les JO, une aventure de potes"

Les JO justement, quel est le premier souvenir qui te revient en tête ?
Les moments de rigolades avec les potes. Souvent, les moments hors terrains sont les plus cools. Le terrain, c’est deux heures par jour. Et le reste, c’est tous ensemble dans une chambre, à rigoler, à faires des bêtises, ou pas (rires), à être sérieux ou se reposer. C’est une aventure de potes, c’est ça qui me vient à l’esprit.

C’est l’unité de votre groupe qui a fait que vous n’avez pas lâché, même après deux défaites en trois matchs, et avant de défier la Russie puis le Brésil ?
Ça nous a même poussés à être plus relâchés. On n’avait plus grand-chose à perdre, ça nous enlevé un peu de pression, et on a pu jouer plus tranquillement. On a réussi à développer notre jeu en étant dos au mur. C’était quelque chose de difficile, mais ça nous a permis d’aller jusqu’au bout.

A quel moment as-tu senti que ça allait vraiment dans le bon sens ?
Dès qu’on a passé les poules. On s’est dit qu’on n’avait toujours plus rien à perdre, et qu’il fallait aller jusqu’au bout. En ayant passé les poules, on avait moins de pression que certaines équipes en quarts de finale, comme la Pologne. On n’était pas favoris, mais on est une équipe qui peut battre tout le monde. Et c’est ce qui s’est passé. On était des survivants, on avait les crocs, sans doute un peu plus que les autres.

Après les Jeux, tu n’as pas participé à l’Euro, pour rester avec ta famille…
C’était pour voir ma fille que je n’avais pas vue depuis quatre mois, voir mes frères que je n’avais pas vus depuis deux ans. Et puis, finir l’été sur un titre de champion olympique, ça me suffisait !

Puisqu’on parle de ta famille, est-ce qu’on peut prendre des nouvelles de ton père, Laurent Tillie. Comment ça se passe pour lui ?
Ça va ! Il vit sa vie de Japonais ! Ça se passe plutôt bien, ma mère est là-bas avec lui. Je sais qu’il a perdu quelques matchs récemment (son équipe, les Panasonic Panthers, est cinquième du classement avec 8 victoires et 6 défaites, ndlr), mais je ne parle plus trop de volley avec lui, ce n’est pas le sujet principal. On parle plus de la famille, des enfants, des frères. C’est dommage qu’on ne puisse pas se voir pour Noël, mais c’est comme ça.

Les Tillie sont aux quatre coins du globe. Arrives-tu à suivre les performances de ton père au Japon, de ton frère Killian en NBA avec Memphis ?
Les performances, on arrive toujours à les suivre assez facilement. On a l’habitude de se suivre, de se parler sur Whatsapp, de s’appeler. Mais ce qui est le plus difficile, c’est d’arriver à se voir, ça c’est plus compliqué, surtout en ce moment.