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(Miniature) L'interview bleue : Leïa Ratahiry
Photo: CEV
10/12/2021
L'interview bleue : Leïa Ratahiry
A 19 ans seulement, Leïa Ratahiry dispute actuellement sa troisième saison en Ligue A avec France Avenir 2024. La réceptionneuse-attaquante iséroise, qui a découvert l'équipe de France cet été, poursuit son apprentissage et sa progression dans le championnat français.
Leïa, tu as commencé le volley à l’âge de 10 ans, en Isère. Comment es-tu venue à ce sport ?
C’est un sport familial, au départ. Je faisais du handball, mais mon père préférait que je me mette du volley, alors il a ouvert le club de volley au Touvet. Je me suis mise à faire du volley, en loisirs. C’est mon père qui m’entraînait. Assez vite, j’ai été repérée pour partir dans un club, l’US Saint-Egrève. Puis je suis allée à Grenoble pour jouer dans des équipes seniors. J’ai joué d’abord en Régional, puis en N3, puis j’ai rejoint le Pôle France, à Toulouse, en 2018.

Tu avais alors 15 ans. A quel moment as-tu débuté en championnat de France avec France Avenir 2024 ?
J’ai vraiment commencé en Ligue A lors de ma deuxième année, en 2019-2020. J’avais fait quelques entrées la saison précédente avec les pros, mais c’était surtout pour compléter la feuille de match.

Et dès l’été dernier, à 18 ans seulement, tu as été convoquée en équipe de France. C’était une surprise ?
Oui, parce que mes matchs cette saison-là n’avaient pas forcément été top. J’avais juste commencé à mieux jouer sur les derniers matchs de la saison, à me réveiller. Mais on nous a dit, à Emilie (Respaut) et moi, qu’on aurait été prises dès l’hiver précédent s’il n’y avait pas eu le Covid, pour participer au stage, mais qu’on n’aurait pas été gardées pour la suite des échéances. Finalement, on a été rappelées cet été, et le sélectionneur a vu de quoi on était capables avec Emilie. Et au fur à mesure, on s’est fait une place dans l’équipe.

Non seulement tu as été appelée, mais tu as joué quelques matchs en tant que titulaire, notamment en Golden League européenne…
Au début, j’ai pas mal joué, oui. Et ensuite, je pense que j’ai un peu baissé de niveau. Mais c’était déjà énorme pour moi de goûter à ce niveau-là.

Tu as beaucoup appris avec les Bleues cet été ?
Oui, beaucoup, beaucoup ! C’était surtout une grosse prise de maturité, une grosse prise de conscience de ce que c’est le niveau international. C’est motivant pour la suite ! Le fait de côtoyer des joueuses plus expérimentées, comme Héléna (Cazaute) donne des repères et des objectifs à atteindre.

Pour l’Euro, tu as gardé ta place dans le groupe, et tu as fait quelques entrées en jeu…
C’était une belle expérience, très enrichissante. On voit les meilleures du monde, c’est toujours exceptionnel de jouer contre des joueuses comme ça, ou rien que de les voir évoluer en vrai, comme les Serbes, par exemple. Ça change tout !

Tu dois avoir envie d’y retourner dans les années à venir. Les Jeux Olympiques, c’est aussi ton objectif ?
Oui, les étés peuvent être longs avec l’équipe de France, mais pour disputer des grandes compétitions, le jeu en vaut largement la chandelle. Pour les Jeux Olympiques, c’est l’objectif n°1, clairement. Mais entre-temps, il y a des étapes à franchir. Et je vais essayer de le faire.

"Je n’aurais pas le niveau que j’ai actuellement si je n’avais pas fait ces trois saisons en Ligue A"

Tu fais donc partie de l’équipe France Avenir 2024, qui doit préparer la relève pour les JO de Paris. Que penses-tu de votre début de championnat en Ligue A ?
On s’est surpris sur ce début de saison, je pense. On a commencé par faire un 3-2 contre Terville-Florange, par prendre un point dès la 2e journée. On s’est dit qu’il y avait sans doute moyen de faire quelque chose, et on commence d’ailleurs à gagner quelques sets (contre Nantes, Mulhouse, Saint-Raphaël et Evreux, ndlr). Mais le problème, ce n’est pas forcément le niveau des équipes en face, c’est plutôt le nôtre, les petits pépins, le manque d’expérience. Si on veut gagner des matchs, c’est sur nous qu’on doit se concentrer.

Vous commencez à bien vous connaître, avec certaines joueuses, comme Emilie Respaut, Halimatou Bah ou Jade Defraeye…
C’est vrai, mais il y a aussi de nouvelles joueuses, et notamment des joueuses très jeunes comme Maéva Schalk. Donc forcément, il y a des petits pépins physiques. A 15 ou 16 ans, c’est très éprouvant de jouer en pro. Et ça fait que l’équipe se fatigue, il y a des blessées, c’est plus difficile de tourner. Même si on se connaît, c’est compliqué.

Au niveau personnel, comment juges-tu ton début de saison ? Tu as fait une pointe à 16 points contre Mulhouse…
J’ai réussi à monter en puissance, mais là, ça redescend un petit peu. Dans ces moments-là, on se pose un peu de questions, on se remet en cause, c’est normal. Je pense qu’il y a aussi la saison internationale dans les jambes, qui fait qu’on baisse un peu de niveau. Et on arrive sur la période de décembre, qui est toujours compliquée dans une saison. Mais le niveau remonte généralement après les fêtes.

Ça aide d’être dans l’équipe France Avenir 2024 et d’avoir autant de temps de jeu, même en étant très jeune ?
Oui, beaucoup ! Ça aide vraiment. Je pense que je n’aurais pas le niveau que j’ai actuellement si je n’avais pas fait ces trois saisons en Ligue A. Mine de rien, on prend de l’expérience tous les week-ends, malgré les défaites. On apprend, et au bout d’un moment, ça va payer. Avec en plus cet été avec l’équipe de France, je pense que j’ai atteint un niveau pro. Je ne sais pas encore si j’ai le niveau bas de tableau, haut de tableau ou milieu de tableau, mais je sais maintenant que je suis capable de jouer en pro. J’ai atteint un niveau suffisant, sur certains secteurs en tout cas.

Et dans quel domaine souhaites-tu encore progresser ?
A l’attaque, surtout. Pour ne pas devenir juste une réceptionneuse-attaquante. Je ne veux pas arriver en club pro, et qu’on me fasse rentrer uniquement sur les positions arrières. Ma réception, je pense qu’elle est acquise, c’est mon point fort. Si j’arrive à progresser en attaque, et à être plus agressive au bloc, je pense que je peux faire quelque chose en ligue professionnelle…

Tu parlais de ta réception, Emile Rousseaux disait l’été dernier que c’était un domaine où les Bleues pouvaient s’améliorer. Ça peut te donner une carte à jouer pour les années à venir ?
Oui, c’est possible. Surtout qu’aux JO, il n’y aura que 12 joueuses, donc une seule libero. Il faudra que les ailières assurent en réception, donc j’espère en effet avoir ma carte à jouer là-dessus.

Au niveau club, comment vois-tu la suite ?
Je vais rejoindre un autre club la saison prochaine, c’est sûr. Il faut partir pour découvrir de nouveaux horizons. Et cela fait quatre ans que je suis là, ce n’est pas évident de perdre tous les week-ends, pour le moral. Il faut avoir des objectifs assez ancrés pour se dire: "Allez, ce n’est pas grave, on y retourne, même si on perd, au moins on progresse, on prend de l’expérience à chaque match.