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(Miniature) L'interview bleue : Yacine Louati
Photo: CEV
26/02/2022
L'interview bleue : Yacine Louati
La ferveur turque, la passion pour le sport, la magnifique ville d'Istanbul... C'est le quotidien de Yacine Louati, qui nous raconte son expérience dans le grand club omnisport de Fenerbahçe où il évolue cette saison.
Yacine, Fenerbahçe a connu des hauts et des bas cette saison, mais ça semble aller mieux depuis quelques matchs…
L’arrivée de Saeid Marouf nous fait beaucoup de bien. On a eu une période un peu compliquée fin décembre. L’équipe était déjà très instable jusque-là, mais on avait réussi à s’en tirer. Avec l’arrivée d’un bon passeur, un passeur d’expérience, qui a su aider l’équipe à travailler sur ses points faibles, ça va beaucoup mieux. Espérons que ça continue.

Fin janvier, vous avez eu quelques défaites contre des mal classés, comment l'expliques-tu ?
La période difficile a vraiment commencé fin décembre, on a perdu contre Halkbank, qui était premier et jouait vraiment bien. Ensuite, en quarts de finale de Coupe, qui était un objectif très important, on a perdu contre Spor Toto qu’on avait battu 3-0 quelques semaines auparavant. On a été mis face à nos difficultés, et ensuite, c’est dans ces moments-là que les problèmes resurgissent. Il fallait un changement, notamment au poste de passeur où jouaient deux jeunes Turcs, avec un certain potentiel, mais il fallait quelque chose de plus solide sur le moment.

Vous venez de battre Galatasaray (3-1), puis le champion, Zirat Bankasi (3-0). Ça a l’air reparti ?
J’espère, mais ce n’est pas dit. On était satisfaits après Zirat parce qu’on n’avait pas encore gagné contre des équipes du Top 4. Mais il faut vraiment qu’on reste sur nos gardes. C’est un championnat qui est assez surprenant, il y a souvent des mal-classés qui battent des équipes de haut de tableau. Certaines équipes sont très fortes un jour, et d’autres jours beaucoup moins. C’était vraiment notre problème, j’espère qu’on a réussi à gommer ça. Il y a des playoffs à quatre, on est pratiquement sûrs d’être qualifiés. Donc il faut continuer à construire pour être prêts au moment le plus important de la saison, dans un mois et demi.

"L'ambiance turque, c'est impressionnant"

Dans ce contexte, arrives-tu à t’en sortir comment sur le plan personnel ? Es-tu content de tes performances ?
Oui, ça va ! Je suis content. C’était un nouveau challenge pour moi d’essayer de prendre du recul et d’arriver à me concentrer sur ma performance. Je pense être un joueur de collectif, j’essaye d’aider l’équipe, plutôt que de penser à briller moi-même. Et à certains moments, je sentais que j’étais dans quelque chose de nouveau, que je n’arrivais pas trop à gérer. Mais là, ça va mieux, parce que l’équipe joue mieux, tout est lié. Donc je m’en sors ! Individuellement sur le volley, je suis content. Et personnellement, je suis content d’être à Istanbul, de beaucoup aimer la vie ici et d’être avec ma copine, qui joue aussi au volley ici (la Belge Laura Heyrman, qui évolue à l’Eczacibasi, ndlr).

Au niveau de l’ambiance, c’est comment les derbys contre Galatasaray ?
C’est impressionnant ! Dès les premiers entraînements, la semaine avant le match, il y a une autre ambiance, on en parle, c’est Fenerbahçe-Galatasaray, un derby historique ! Deux institutions qui sont connues partout dans le monde, qui sont aussi dans le football, le basket, le volley féminin et masculin. On m’a dit : « Il faut au moins gagner une fois dans l’année contre Galatasaray ! » (rires)

As-tu pu aller voir les autres sports ? Sur ton compte Instagram, on voit que tu as rencontré le basketteur Nando De Colo, qui joue aussi à Fenerbahçe…
Oui, on est allés à un match d’Euroligue. C’était impressionnant de voir l’importance du sport dans la vie des Turcs. Les gens peuvent presque se définir en fonction de leur appartenance à un club ou à l’autre. Et ça revient tout le temps dans les discussions. C’est encore arrivé aujourd’hui, mais ça arrive tout le temps : on est en déplacement avec le bus de Fenerbahçe, et les gens qui nous doublent klaxonnent s’ils sont fans de Fenerbahçe, parce qu’ils sont contents de nous voir. Je n’ai vu ça nulle part ailleurs. J’habite à côté du stade de foot, et les jours de match, les fans sont en train de chanter toute la journée dans la rue, plusieurs heures avant le match. Il faut le voir pour le comprendre, il y a des barbecues sauvages dans la rue, les gens se préparent pour la victoire. Presque plus que les joueurs ! (rires)

Et ils sont très présents aussi sur les réseaux sociaux. As-tu eu droit aux messages « Come to Fenerbahçe » ?
C’est arrivé lors de ma signature, quand ça été officialisé. J’ai eu énormément de messages, pour me souhaiter la bienvenue dans la famille Fenerbahçe. Il y a quelques semaines, quand on a eu cette période difficile, il y avait beaucoup de messages pour nous dire : « Ne baissez pas les bras, on croit énormément en vous. » Mais je pense que ça peut être dans le bon comme dans le mal, si la saison ne se passe pas bien. Il y a des attentes de la part des supporters, et ça peut aller dans l’autre sens. Quand ils sont déçus, ils le font aussi savoir.

Mais pour l’instant, tu as plutôt eu droit au positif ?
J’ai vu certaines choses, mais pas pour moi. Je sens qu’ils m’apprécient, ça me fait chaud au cœur. J’ai beaucoup de soutien, je n’ai jamais eu de messages négatifs. C’est peut-être parce que je suis discret, je ne me mets pas trop sur le devant de la scène…

Tu disais que tu aimais beaucoup Istanbul, la ville, peux-tu nous raconter ?
Oui ! Là c’est l’hiver, ça se calme un peu, surtout avec le Covid. Mais c’est une ville magnifique ! J’y ai goûté à l’automne, et là, le printemps arrive. Le quartier où je suis, Kalamis, près de Fenerbahçe, est l’un des plus beaux quartiers de la rive asiatique. C’est plus résidentiel par rapport à la rive européenne, qui est plus tournée vers le business. On y vit vraiment très bien. Il y a juste le problème de l’économie turque, qui est un peu en baisse, ce n’est pas une ville où il est facile de vivre pour les Turcs.

Qu’est-ce que tu préfères ? La culture, la nourriture, l’histoire, la religion ?
C’est impressionnant de vivre dans un pays où la religion est mise autant en avant. Plusieurs fois par jour, il y a l’appel à la prière. La nourriture est incroyable. Les gens aussi, j’aime beaucoup leur accueil, même si c’est peut-être aussi dû fait que je fais partie de Fenerbahçe, un club aussi important et rayonnant dans le pays. Et la culture, bien sûr. Ma copine habite du côté européen, pour aller chez elle, il y a des endroits fabuleux à prendre en photo.

"Les JO ? A chaque fois ça me donne un grand sourire"

Finissons en parlant de l’équipe de France. Avec le temps, apprécies-tu encore plus ce titre de champion olympique ?
C’est fou parce qu’avec le temps, on s’habitue à tout. Mais j’y repensais encore il y a peu, et ce sont toujours les mêmes sourires et les mêmes frissons. C’est beau. J’aime beaucoup prendre le temps de me rappeler des détails de cette aventure, les moments « off » qui n’ont pas été montrés, avec l’équipe, les moments bons et moins bons, la difficulté des bulles qui ont précédé le titre... Et j’aime aussi beaucoup revoir ce qui a été montré, revoir les matchs, des interviews, ce genre de choses. A chaque fois, ça me donne un grand sourire, et beaucoup d’émotion.

T’es-tu déjà projeté un peu sur l’été prochain ?
Pas trop. J’avais plutôt la tête au club ces derniers temps. J’ai juste vu le calendrier, ça va encore être un carnage (rires). Ça va être encore de la folie, la VNL (au Canada, aux Philippines puis Japon), l’enchaînement des compétitions...

Il y aura notamment le Mondial, que vous allez aborder en tant que champions olympiques. Le contexte sera différent, mais est-ce qu’il y a des leçons à tirer de ce qu’il s’est passé à l’Euro ?
Il faut effectivement le rappeler et garder en tête le contexte pour expliquer la performance de l’Euro. Après, je ne sais pas si on sera vraiment plus attendus en tant que champions olympiques. L’équipe, je la connais, c’est la même. Il y a juste le titre qui vient dorer un peu le tout. Il faudra que l’équipe joue de la même manière, avec ses qualités. Il n’y a que comme ça qu’on fera une performance, en restant nous-mêmes. Mais ce ne sera pas un problème, je connais les gars, il n’y aura pas le souci de devoir redescendre sur terre.