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(Miniature) L'interview bleue : Yacine Louati
Photo: FIVB/VNL
02/09/2021
L'interview bleue : Yacine Louati
Quelques semaines seulement après son titre olympique, l'équipe de France attaque vendredi soir l'EuroVolley, avec un duel contre la Slovaquie à Tallinn (Estonie). Le réceptionneur-attaquant Yacine Louati nous explique comment les Bleus vont devoir gérer cette transition entre l'euphorie des JO et une compétition relevée, où ils seront logiquement très attendus par leurs adversaires. Avec, en prime, la découverte d'un nouveau staff pour les Bleus.
Comment vous vous sentez, toi et l’équipe, avant de disputer cet EuroVolley ?
Ça va bien, tout se passe bien. On a eu une préparation un peu particulière, parce qu’après la retombée des Jeux Olympiques, c’est un peu spécial de reprendre direct sur une compétition. Mais le groupe a joué le jeu, et le fait d’avoir un nouveau staff nous donne beaucoup de fraîcheur et d’envie de repartir au combat.

Vous avez eu deux petites semaines de coupure entre la fin des Jeux et le début de la préparation…
Au départ, ça devait être une seule semaine, on a demandé à avoir deux semaines. Ça a été bien respecté, il y a eu tellement d’émotions après Tokyo, et je pense que tout le monde a été très demandé par les médias, il fallait vraiment avoir un peu plus pour avoir un vrai break. Mais on sent quand même que l’été est très long, on a repris en mai pour la VNL, et ça nous semble être l’année dernière (rires).

Est-ce que cela t’a permis de mesurer vraiment la portée de votre exploit ?
Exactement. On était sur un nuage pendant 10 jours, à ne pas vraiment réaliser. Et en fait, on s’est retrouvé en contact avec les gens qui ont suivi notre parcours, et c’est très élargi. On a eu des retours de personnes avec qui on a perdu le contact qui ont envoyé des messages, qui ont repris contact grâce au fait que le volley a été mis en lumière pendant un certain temps. Ça a été magique, et c’est qui nous a permis de prendre conscience de ce qui a été réalisé. Mais on n’a pas encore mesuré l’impact que cela pourra avoir sur le volley.

Est- ce que parfois tu repenses à tout le chemin parcouru, par l’équipe, par toi-même ? Comme à ce TQO de Berlin, à ton entrée contre la Slovénie ?
On en a beaucoup parlé. C’était un peu notre blague pendant les Jeux. On se disait : « Les gars, on n’était pas censé être là au départ, on va voir ce qui va se passer. » Quand on perdait ce match contre la Slovénie, même si la finale contre l’Allemagne n’a pas été donnée (3-0), on perdait 2-0 en demi-finale contre la Slovénie, on était menés dans le troisième set (jusqu’à quatre points de retard, ndlr), on était complètement dans les choux, et il y a eu un espèce de regain. Et c’est aussi à l’image des Jeux, où on perd deux des trois premiers matchs, et on se retrouve face à une montagne. Effectivement, j’aime bien voir le parcours, repenser à tous les soirs, sur notre balcon. On avait une vue magnifique à Tokyo, sur la baie. On regardait dans le vide, on se disait : « Bon les gars, ça va être chaud. » On commençait à faire les calculs, ce qu’on devait gagner, on pensait à ce que les autres équipes devaient faire. Il fallait prendre quatre points contre le Brésil et la Russie, ça allait être dur. Jour après jour, le chemin s’éclaircissait un peu. Et ça a été complètement fou.

"Les Jeux ont créé beaucoup d’intérêt autour du volley-ball, on l’a senti"

Mauricio Paes, l’un des adjoints de Bernardinho, nous disait que même si la coupure a été courte, vous étiez contents de vous retrouver pour prolonger l’euphorie des Jeux, et continuer à vivre cette belle aventure…
C’est tout à fait vrai. Durant la césure après les Jeux, on s’est retrouvé à Paris, au Trocadéro, il y a eu une pression médiatique qui a fait qu’on était tous un peu éparpillés. En plus on retrouvait nos familles, qu’on n’avait pas vues depuis des semaines ou des mois, entre les bulles de Rimini (pour la VNL), d’Okinawa et de Tokyo. On était dans une nouvelle euphorie sociale, avec le fait de recevoir autant de messages, autant d’amour, de toute la France et de nos proches. On s’est vite perdus de vue, à partir chacun dans nos familles, pour profiter pendant quelques temps. On était serein de savoir qu’on allait se retrouver, qu’on allait pouvoir en reparler, digérer. C’était beau de se retrouver.

Et vous avez pu mesurer votre popularité lors des matchs amicaux à Belfort contre l’Ukraine, où l’ambiance a été assez énorme…
Complètement. C’était la première fois pour nous qu’on venait à Belfort, je pense. Et je crois qu’il n’y a pas un coin de la France où on n’a pas entendu parler de volley. C’était beau. On a reçu un superbe accueil, les gens étaient très heureux de nous recevoir. On s’est bien senti là-bas.

Tu sens que le regard sur vous a un peu changé ? De la part du public, des médias, de tout le monde ?
Je pense que le monde du volley est très heureux de ce résultat, pour avoir fait briller le volley pendant un moment à la télé, pendant les Jeux Olympiques. C’est un évènement particulier, il y a beaucoup de non-sportifs qui se mettent à regarder du sport du matin au soir pour l’ambiance que les Jeux évoquent. Le volley a fait partie de tout ça, et c’était très beau. Je crois qu’on a eu un pic à 6 millions de téléspectateurs (6,7 millions de téléspectateurs pendant la finale sur France 2, meilleure audience des JO tous sports confondus, ndlr). C’est du jamais-vu, on en est très fier. Ça a créé beaucoup d’intérêt autour du volley-ball, on l’a senti, évidemment.

L’autre changement, c’est le nouveau staff, autour de Bernardinho. Les premiers contacts se passent bien ? Les Brésiliens ont fait beaucoup d’effort pour se mettre au français…
C’est très impressionnant ! Tout se passe très bien. Comme dans tout changement, il y a beaucoup de fraîcheur, et aussi de respect pour tout le staff. Pas seulement pour Bernardinho, qui est un entraîneur de grande classe, mais aussi pour Mauricio (Paes) et Rubinho, ou encore Paolo (Perrone). On a vraiment un staff qui est fourni, et c’est impressionnant, il y a du monde partout. Le fait qu’ils parlent français, qu’ils fassent cet effort, c’est appréciable. Il faudra encore un peu de temps pour que ce soit totalement fluide, même si on se comprend très bien, on verra en match s’il faut passer par l’anglais ou l’italien pour accélérer les paroles. Mais ça se passe très bien, tout le groupe joue vraiment le jeu. 

"Il faut qu’on garde le même état d’esprit"

Vous allez maintenant avoir un nouveau statut à défendre durant cet Euro…
Pour être honnête, le statut, ce sont surtout les autres qui nous le donnent. Nous, on reste sur la même démarche, qui nous va très bien. C’est de se dire qu’on n’est pas favoris, qu’on va jouer le même volley qu’avant. Il faut rappeler qu’on n’était pas attendus pour cette médaille, pour l’Europe il y avait notamment la Pologne et la Russie qui étaient placées avant nous, et ce sera encore la même chose à l’Euro. Il ne faut pas qu’on redistribue les cartes, et qu’on pense avoir un autre statut à défendre. Il faut qu’on garde le même état d’esprit, qu’on aborde la compétition de la même manière.

Le groupe a un peu évolué depuis les Jeux. Certains jeunes vont apporter de la fraîcheur, comme Théo Faure, que l’on a déjà vu en VNL, ou François Rebeyrol, qui joue à ton poste…
Dans une optique d’avenir, ça a du sens de les faire venir dès maintenant. On a un groupe qui tourne très bien, il faut en profiter pour prévoir les prochaines générations. Ils sont là pour l’avenir mais pas seulement. Théo Faure et Benjamin Diez notamment ont fait beaucoup de bien en VNL, ils ont fait des gros matchs, ils ont montré qu’on pouvait s’appuyer sur eux dès maintenant. Et François Rebeyrol aussi, il a un potentiel physique que l’on pourrait classer comme international, il va pouvoir apporter autre chose sur mon poste.

Dans votre groupe, il y a la Slovaquie, la Croatie, l’Allemagne, la Lettonie et l’Estonie. Vous serez sans doute favoris, mais il va falloir batailler tous les soirs…
Comme on le disait tout à l’heure, on devient un petit peu l’équipe à abattre, même si nous on ne se voit pas comme ça. On va affronter les matchs les uns après les autres, on va faire les mêmes vidéos, les mêmes préparations de match, les mêmes rituels. Rien ne va changer. C’est la dernière compétition d’un été merveilleux, entre la médaille de bronze en VNL, et la médaille d’or aux Jeux. Ce serait une belle manière de clôturer un été 2021 plein de récompenses.

Un petit mot pour finir sur l’autre Euro, celui des filles d’Emile Rousseaux. Vous avez suivi leurs performances ?
Complètement ! On est très fier de ce qu’elles ont fait, on est heureux de voir que le volley féminin a beaucoup de choses à montrer, c’est vraiment super.

Tu penses qu’elles peuvent profiter d’une certaine émulation, grâce à vos résultats ?
Oui, je pense, parce que nous on l’a vécu aussi à Tokyo. Dans le Village olympique, c’était devenu presque vide à cause de cette règle qui oblige les athlètes à quitter le Japon dans les 48 heures après la fin de leur épreuve. Les sports individuels, qui pouvaient rester habituellement, avaient dû rentrer. A la fin, il ne restait presque que les sports collectifs, et quelques sports individuels qu’on côtoyait peu, comme les marathoniens, qui étaient dans un moment un peu différent du nôtre. On a vécu un dernier carré un peu similaire avec le hand, avec le basket. On était tous au même étage du bâtiment France, entre le 12e et le 13e, et on se croisait, on se donnait de l’envie, de la force pour aller jusqu’au bout. Les filles ont pu voir que le sport collectif a eu beaucoup de mérite sur ces dernières compétitions, et ça peut les tirer vers le haut.




Les 14 joueurs pour l'EuroVolley :


1 - CHINENYEZE Barthelemy - Central - 28/02/98 MILAN (ITA)
2 - GREBENNIKOV Jenia - Libero - 13/08/90 - SAINT-PÉTERSBOURG (RUS)
4 - PATRY Jean - Pointu - 27/12/96 - MILAN (ITA)
6 - TONIUTTI Benjamin - Passeur - 30/10/89 - JASTRZEBSKI WiEGEL (POL)
9 - NGAPETH Earvin - Récep/Attaquant - 12/02/91 - MODÈNE (ITA)
11 - BRIZARD Antoine - Passeur - 22/05/94 PIACENZA (ITA)
14 - LE GOFF Nicolas - Central - 15/02/92 - MONTPELLIER
16- BULTOR Daryl- Central - 17/11/1995 - TOURCOING
17 - CLEVENOT Trévor - Récep/Attaquant - 28/06/94 - ANKARA (TUR)
19- LOUATI Yacine - Récep/Attaquant - 04/03/92 - FENERBAHCE (TUR)
20- DIEZ Benjamin - Libéro 04/04/98 - PARIS VOLLEY
21 – FAURE Théo – Pointu – 12/10/99 - MONTPELLIER
24 - GUEYE Mousse - Central 11/11/96 CHAUMONT
28-REBEYROL François - Récep/attaquant – 02/07/1999 PLESSIS ROBINSON

Le staff :

Entraîneur : Bernardo ROCHA DE REZENDE
Entraîneur adjoint : Roberley Luiz LEONALDO
Entraîneur adjoint : Mauricio MOTTA PAES
Manager : Frédéric GIBERT
Médecin : Josselin LAFFOND
Kinésithérapeute : Jean-Paul ANDREA
Préparateur physique : Laurent LECINA
Statisticien : Paolo PERRONE
Statisticien : Valentin ROUTEAU