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(Miniature) L'interview bleue : Barthélémy Chinenyeze
Photo: Legavolley.it
19/11/2021
L'interview bleue : Barthélémy Chinenyeze
Passé cet été de Vibo Valentia à Milan, Barthélémy Chinenyeze vient d'attaquer sa troisième année en Italie. Le central de l'équipe de France, élu MVP dès son premier match de la saison, souhaite surfer sur la vague des Jeux Olympiques pour continuer son ascension dans le meilleur championnat du monde.
Comment se passe ce début de saison en Italie ?
Bien ! Notre début de championnat est pas mal, il n’est ni exceptionnel, ni mauvais (2 victoires et 3 défaites en cinq rencontres). On a joué contre de grosses équipes, donc ce n’était pas facile. Mais on va bientôt jouer des matchs qu’il va falloir gagner si on veut faire quelque chose cette année. Donc on se prépare à fond, et je pense qu'on est prêts.

C’est vrai que le calendrier ne vous pas épargnés, avec la Lube, Pérouse, Piacenza…
Et Monza aussi, qui a bien commencé la saison. On a joué contre quatre grosses équipes, il y a eu juste eu Vibo Valentia qui est peut-être un petit peu en-dessous, mais qui reste une bonne équipe. Après, a montré quand même de belles choses, c’est prometteur pour la suite
.
Le championnat Italien est-il encore plus relevé cette saison ?
Oui, complètement ! Tous les ans, le niveau augmente. Le championnat est de plus en plus dense, toutes les équipes prennent de gros joueurs, des internationaux. Il y a de moins en moins en d’écart entre les premiers et les derniers à chaque fois.

Dimanche, vous recevez Vérone, un mal classé…
C’est le genre de match qu’il faut gagner si on veut faire quelque chose cette année. Mais après, ça ne va pas être facile. Eux aussi ont une bonne équipe, assez jeune. Donc ça va être chaud, il va falloir se donner à fond, comme tous les week-ends. Il n’y a pas le choix.

Il y aura un central français de l'autre côté du filet, Jonas Aguenier. Tu as joué souvent contre lui ?
L’année dernière et il y a deux ans, oui. Et j’ai joué avec lui en équipe de France, bien sûr. Ça va être un bon petit duel au centre, j’ai hâte de jouer contre lui. Est-ce que ça va chambrer ? C’est sûr qu’on va se parler un petit peu (rires). On a déjà fait un match amical, et ça a un peu chambré. A chaque fois qu’on joue contre un Français, ça parle forcément un peu, mais il n’y a rien de méchant, bien sûr.

Sur le plan personnel, comment est ton début de saison ?
Je commence super bien avec un titre de MVP dès le premier match. Ensuite, il y a eu deux matchs où j’ai été un peu moins bon, mais je continue à bosser. On s’entraîne beaucoup, on bosse dur. Pendant les matchs, il faut que je continue à performer, mon objectif est de continuer sur la lancée de cet été, il ne faut pas s’arrêter. Souvent, c’est un peu difficile, quand on sort d’un été complet, comme celui qu'on a vécu, et de repartir en club, il y a toujours une période un peu creuse où on a une baisse de niveau. Il faut faire en sorte que ça ne baisse pas trop, bien bosser, et rester concentré. Et après, ça ira.

Comment se passe l’intégration dans l’équipe ? Tu as retrouvé Jean Patry là-bas…
Il y a Jean, mais je connaissais aussi un peu quelques gars dans l’équipe. Ça s’est super bien passé, tous les gars sont vraiment cools. On a vraiment une équipe super sympa, je m’entends bien avec tout le monde. En plus, avec Jean, c’est encore plus facile. C’est nickel.

"J’ai prouvé que j’avais largement le niveau pour jouer en Italie"

C’est ta troisième année en Italie. As-tu l’impression d’être un joueur vraiment différent par rapport à tes débuts ?
Oui, totalement. C’est vrai que c’est déjà ma troisième année ici. J’ai vraiment pas mal progressé, je pense que les gens ont aussi appris à me connaître en Italie, donc ça devient plus difficile. Tu es plus analysé, les autres équipes t’attendent davantage… Et avec les performances en équipe de France, tout le monde a vu ce qu’il s’est passé cet été, donc je sens que je suis plus attendu par rapport aux autres années. Je pense que j’ai prouvé que j’avais largement le niveau pour jouer en Italie. Maintenant, je dois prouver que je peux faire partie des meilleurs à mon poste dans ce championnat.

Dans quels domaines espères-tu encore progresser ?
Cette année, je travaille beaucoup sur le service. L’attaque, c’est un domaine où je suis bon, je dois continuer à garder ce niveau-là, un bon niveau. Et au bloc, on peut toujours progresser. Donc je mets un point important sur le bloc et le service.

Tu voulais passer un cap en rejoignant Milan après deux années à Vibo Valentia, tu as ressenti une vraie différence entre les deux clubs ?
C’est un club où il y a un petit peu plus de pression, sans qu'il y en ait énormément. L’organisation change pas mal, et surtout quand tu joues à Milan, les autres équipes ne te regardent pas de la même manière. A Vibo, on était vraiment les outsiders, c’était un match à gagner pour les autres. Là, les autres équipes se méfient un peu plus, se disent que ça va être plus compliqué. Ils abordent le match différemment. Mais c’est positif, ça m’a fait du bien de changer de club après deux ans à Vibo. Venir à Milan, c’était la meilleure option. Et je vais tout donner cette année pour voir où la suite peut me mener.

L’objectif de Milan est de s’approcher du Top 4, Top 5 en Italie, mais ça peut être aussi un objectif personnel pour toi ?
Le minimum pour le club, c’est de se qualifier pour les playoffs. On a les moyens d'y accéder, mais ça ne va pas être une tâche facile parce que le niveau est de plus en plus fort chaque année. Ensuite, s’approcher du Top 5, ça peut être faisable, mais il faudra sortir de grosses performances contre les grosses équipes, et assurer contre celles qui sont présumées plus faibles. Après, pour moi aussi, c’est un objectif, j’aimerais bien me rapprocher des gros clubs, et aller jouer dans un club qui joue le Top 4-Top 5 en Italie. Pour ça, il faut se montrer, mais il faut gagner en équipe, c’est la meilleure solution pour se montrer. C’est à moi d’être performant tous les week-ends.

Le public a d’ailleurs fait son retour dans les salles en Italie…
Ça fait plaisir, j’ai l’impression que ça faisait hyper longtemps qu’on n’avait pas eu du monde dans les salles. Ça a fait un peu bizarre au début, même si les salles ne sont pas encore pleines, puisque je crois c’est ouvert à 65 ou 75%. Mais ce n’est que du bonheur.

Comment trouves-tu la ville de Milan ?
C’est super sympa. Ça doit être la plus grande ville parmi tous les clubs de volley du championnat. C’est une grande ville, mais pas trop grande non plus, donc c’est ça qui est assez bien. Par rapport à Vibo, ça change énormément, ça me fait du bien. Vibo, c’était tout petit et très loin (dans le sud du pays, ndlr). En plus ici, c’est facilement accessible, donc c’est assez pratique pour rentrer en France si j’ai deux jours libres, par exemple.

Et en plus tu as l’air d’apprécier la vie italienne…
Oh oui ! Ça me convient parfaitement, c’est pour ça que je suis encore ici. C’est ce qui se rapproche le plus de la France, par rapport à des pays comme la Russie ou la Pologne.

"Quand je serai vieux, je penserai encore à ce qu’on a accompli cet été"

Pour finir, parlons un peu de l’équipe de France. Tu es redescendu de ton nuage après les Jeux Olympiques ?
Pas encore totalement ! Franchement, j’y pense encore tous les jours. C’est toujours là. Je me dis que dans dix ans, vingt ans, on en parlera encore. A la fin de ma carrière, quand je serai vieux, je penserai encore à ce qu’on a accompli cet été. C’est un truc de ouf ! On réalise de plus en plus, mais c’est toujours un peu irréel. Parfois je me pose et j’y pense, je me dis : « Et oui, c’est vrai, on est champions olympiques ! » (rires) C’est fou ce qui est arrivé.

Surtout que c’est venu dans un tournoi où vous êtes passés par toutes les émotions…
On était dos au mur après le match de l’Argentine, on devait gagner contre la Russie et le Brésil. On a réussi à battre la Russie et on s’est dit que notre tournoi débutait enfin, qu’on arrivait enfin à bien jouer. Finalement, on se qualifie pour les quarts de finale en perdant 3-2 contre le Brésil, et à partir de ce moment-là, tout se jouait sur un match, on n’avait vraiment plus rien à perdre. Deux jours plus tôt, dans nos têtes, on pensait qu’on allait rentrer chez nous. Donc autant tout donner, et voir ce qu’il se passe. Ensuite, battre la Pologne en quarts nous a vraiment mis en confiance. On retrouve l’Argentine en demi-finales, on avait perdu contre eux, mais on savait que c’était l’opportunité d’aller chercher une médaille. Et ensuite, la finale, tu te donnes à 100% et tu vois ce qu’il se passe. Et c’est passé !

Contre la Pologne ou la Russie, vous avez atteint un niveau exceptionnel. Qu’est ce que ça fait de jouer à ce niveau-là ?
Ça fait du bien ! Tu te dis : « Mais pourquoi on ne joue pas tout le temps comme ça ? » On était dans la zone, c’est clair. On jouait à notre vrai niveau, mais c’est impossible de garder ce niveau pendant toute une compétition ou même d’une année sur l’autre. On a réussi à montrer ce qu’on valait vraiment, à exprimer notre potentiel. Et on a réussi à décrocher cette médaille d’or. J’espère qu’on pourra rejouer à ce niveau dans les années à venir.

On a vu à l’Euro que c’était difficile d’enchaîner, d’ailleurs…
Oui, c’est ça, c’était plus dur, mais je pense que les gens peuvent le comprendre, on était les premiers déçus. Quand on réalise une aussi grosse perf aux JO, on se dit qu’on peut aussi pourquoi pas gagner le championnat d’Europe. Mais parfois, tout ne se passe comme prévu. On avait rempli notre objectif de l’été.

Tu penses déjà au Mondial 2022 ?
Oui bien sûr. C’est la grosse compétition de l’année prochaine. En plus, le championnat du monde, pour certains, c’est le seul titre qui leur manque. Ils ont déjà gagné le championnat d’Europe et les JO, il ne manque plus que le Mondial ! Donc on y pense forcément, après, c’est encore loin. C’est fin août-début septembre l’année prochaine. Il y a déjà toute une saison à passer en club, et la VNL en début de l’été.

Il y a depuis l’Euro un nouveau staff, autour de Bernardinho. Comment ça fonctionne avec eux durant la saison en club ?
On est contact avec eux. Par exemple, je m’étais un peu blessé au doigt, j’ai eu une petite fracture, et ils m’ont tout de suite contacté pour savoir comment ça allait. Le coach envoie des messages de temps en temps. Ils sont à fond derrière nous, ils suivent tout ce que qu’on fait. C’est important, et ça fait plaisir.