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(Miniature) Yacine Louati : « Une expérience formidable »
Photo : Conny Kurth / www.kurth-media.de
14/02/2020
Yacine Louati : « Une expérience formidable »
Il y a un mois, l’équipe de France parvenait à décrocher sa qualification olympique en remportant le TQO de Berlin, avec dans ses rangs un Yacine Louati décisif. Le réceptionneur-attaquant, revenu depuis dans son club de Monza, évoque ce souvenir et la fin de sa saison en Italie, c'est l’interview bleue de la semaine.
Que gardes-tu avec un mois de recul de ce TQO de Berlin ?
C'est dommage, parce qu’avec la reprise immédiate de nos championnats respectifs, j’ai l’impression qu’on a à peine eu le temps de réaliser ce qu’on avait fait. Mais je pense vraiment qu’on a renversé des montagnes, en équipe, avec un groupe qui a superbement fonctionné, l’alchimie entre nous a fait beaucoup, c’est très rare et précieux d’avoir une telle âme dans une équipe. C’était une expérience formidable sur le plan sportif et humain. Il n’y avait qu’une équipe sur huit qui passait, avec de gros concurrents, comme l’Allemagne chez elle, des matchs-couperets, c’est assez incroyable d’avoir réussi à gagner…

Ça l’est d’autant plus qu’on parlait surtout des absents avant le début de ce TQO, peu voyaient l’équipe de France s’imposer, qu’en penses-tu et à quel moment as-tu senti que vous seriez capables de gagner ?
Finalement, je pense que tout ce qui était dit par les médias avant nous a beaucoup aidés, ça nous a permis de décharger une grande partie de la pression, notamment pour des joueurs comme Jean Patry qui était en train de faire une super saison en Italie avec son club de Latina. La pression de la qualif’ était retombée, parce qu’on nous attendait moins. Même si on ne se l’est jamais dit, je pense que ça nous a servi, on s’est dit que certes, ça allait être difficile, mais que tout pouvait se passer. On ne savait vraiment pas comment on allait jouer et au final, ça s’est super bien passé, et je pense que le premier match contre la Serbie nous a vraiment mis en selle pour faire quelque chose de grand.

A titre personnel, t’attendais-tu à autant jouer ?
J’ai toujours pensé qu’on avait énormément de joueurs de qualité en équipe de France, notamment sur mon poste, et c’est vrai que jusqu’ici, Laurent (Tillie) avait plutôt tendance à garder le même groupe qui marchait bien, donc il me mettait un peu plus sur des compétitions un peu moins importantes, comme la Volleyball Nations League, mais en même temps, ça m’a permis d’avoir toutes mes marques avec cette équipe de France pour répondre présent sur une compétition de cette envergure qui, c’est vrai, était une première pour moi.

Tu as été plusieurs fois décisif au cours de ce tournoi, t’es-tu parfois surpris ?
Je pense que je n’ai jamais joué comme ça avec l’équipe de France. On avait tous un relâchement qui a permis à tout le groupe, et à moi aussi, de jouer sans pression, nous avons joué très sereinement, avec beaucoup de calme, et personnellement, j’ai besoin de ça pour performer.

La concurrence va être rude en vue des JO, sachant qu’il n'y a que douze places par équipe, comment vois-tu les choses ?

C’est évident que pour nous tous, l’objectif est de disputer les Jeux, maintenant, je ne peux pas dire grand-chose de plus, Laurent va avoir des choix à faire, il va devoir gérer les retours de blessure de certains, c’est certain que l’équipe a beaucoup de potentiel et tant mieux pour elle.

Elle a encore hérité d’une grosse poule avec le Brésil, les Etats-Unis, la Russie, l’Argentine et la Tunisie, qu’en penses-tu ?
Oui, encore une fois et comme à Rio, la poule est relevée. Après, il faut voir le bon côté des choses et se dire que si on arrive à finir deuxièmes ou troisièmes, on ne prendra pas un très gros en quarts, c’est mieux par exemple de prendre le troisième de la poule d’en face que le troisième de notre poule. La poule va être corsée, mais il faut essayer de positiver et on a une belle équipe, on y croit énormément.

"Je crois énormément au projet de Monza"

Tu le disais au début de cet entretien, tu as ensuite vite rejoint ton club, est-ce difficile de replonger tout de suite sans prendre le temps de profiter ?
J’ai eu la chance de mon côté de ne pas avoir entraînement juste après, donc j’ai pu rentrer chez moi, à Tourcoing, et passer une soirée avec la famille et mes amis. Ensuite, je suis tout de suite reparti pour attaquer un match deux jours après. C’est clair que jouer une telle compétition en cours de saison n’est pas évident, maintenant, le fait d’avoir fait une telle performance m’a fait du bien et je me suis dit que j’allais me servir de ce qui s’était passé avec l’équipe de France pour aider mon club de Monza.

Quel accueil as-tu reçu à ton retour en club ?
Ils avaient tous suivi le tournoi de très près, donc tous les joueurs étaient très heureux pour moi que j’aie joué comme ça, c’était un bel accueil qui m’a fait chaud au cœur. Je n’étais pas le seul à avoir joué ce TQO, il y avait aussi notre central bulgare (Viktor Yosifov).

Parlons désormais de ta saison en club, tu jouais la saison dernière à Padoue, pourquoi avoir rejoint Monza l’été dernier ?
Parce que je crois énormément au projet, à cette équipe de Monza qui a été montée. Et même si la première partie de saison a été un peu en demi-teinte, avec pas mal d’irrégularité, pour pas mal de raisons, notamment du fait que nous avons été délocalisés pendant trois mois (la salle de Monza a été louée pour l’émission X Factor Italia 2019), ce qui n’était pas évident à vivre parce que cela a été soudain et que ça nous a obligés à faire de la route pour aller nous entraîner, je pense que l’équipe va obtenir maintenant ce qu’elle mérite. Nous sommes de retour dans notre salle depuis début janvier, l’équipe est en train de reprendre du poil de la bête et je pense que le reste de la saison s’annonce prometteur. Nous avons joué tous les gros lors du début de la phase retour, Perugia, Modena, Trento… nous avons maintenant des matchs plus abordables qui, si nous les gagnons, vont nous donner beaucoup de confiance pour la fin de la saison.

L’objectif, c’est forcément les playoffs (Monza est actuellement 9e à égalité de points avec Vérone, 8e, les huit premiers sont qualifiés) ?
Oui, exactement. L’équipe a été construite pour un peu mieux que ça, mais le championnat d’Italie est très difficile, il y a des surprises chaque année, mais maintenant, c’est clairement l’objectif, il faut essayer de gratter quelques places pour éviter les plus gros et après, si on arrive en playoffs, je pense qu’on a une équipe capable de créer des surprises.

Tu côtoies dans ton équipe une super star du volley en la personne du Polonais Bartosz Kurek, MVP du dernier championnat du monde, peux-tu nous parler de lui ?
C’est un champion, un grand joueur, qui a des qualités athlétiques impressionnantes, un gagnant, qui pousse toujours l’équipe, il fait du bien au collectif, c’est ce qu’il nous faut.

A titre personnel, tu disputes ta deuxième saison en Italie, as-tu l’impression d’être bien installé et reconnu dans ce championnat ?
Oui. La saison dernière à Padoue a vraiment été une belle saison pour moi, c’était le club idéal pour débuter, j’ai eu du temps de jouer toute l’année, nous avons joué les playoffs, il y avait de grands joueurs autour de moi. Monza, c’était le « step » plus haut, pour viser les six premiers, avoir peut-être un peu plus de pression, ça me plaît beaucoup d’avoir ma place ici en Italie, je me sens vraiment bien, je suis content d’être là.

Et te sens-tu bien dans la vie de tous les jours ? Où vis-tu ?
Je vis au sud de Monza, à 15 minutes de Milan, à exactement 13 minutes de chez Trévor (Clevenot), et à 16 de chez Luka Basic (qui évoluent tous les deux à Milan). On se voit assez souvent, ça fait du bien d’avoir ce petit clan français. Monza est sympa, parce qu’on n’a pas les galères de trafic de Milan, c’est une belle ville où on vit bien.

As-tu le temps de faire des choses en dehors du volley ?
On a un super parc à Monza, c’est le plus grand parc de ville d’Europe, il est immense, c’est incroyable. J’adore aller m’y balader et lire, j’attends que les beaux jours arrivent pour prendre mon vélo et y retourner. Et je continue à faire beaucoup de musique, j’ai emmené tout mon matériel chez moi, je joue souvent, assez peu de trompette (il a fait douze ans de trompette), plus du clavier et de la musique assistée par ordinateur, c’est mon passe-temps favori.