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(Miniature) Que sont-elles devenues ? Anna Rybaczewski
Photo : FFVolley
14/04/2020
Que sont-elles devenues ? Anna Rybaczewski
Retour de notre série sur le parcours des anciennes internationales tricolores, avec un épisode consacré cette semaine à une ex-capitaine des Bleues, Anna Rybaczewski.
Anna, où et comment avez-vous débuté le volley ?
Mon papa étant lui-même volleyeur - il a été international polonais, champion du monde en 1974 et champion olympique en 1976 -, il n’a jamais voulu me forcer à faire du volley, si bien que je n’ai pas tout de suite fait du volley, j’ai d’abord surtout joué au tennis, j’ai fait un sports-études tennis au collège Bel Air à Mulhouse où je suis arrivée à l’âge de 6 mois (elle est née à Olsztyn, en Pologne). Finalement, quand j’avais 13 ans, c’est un ami de mon papa, qui avait un club à Richwiller, qui m’a proposé de venir, je me suis mise à jouer deux fois par semaine tout en continuant mon sports-études tennis. Au bout de ces deux ans, on m’a proposé de rejoindre l’INSEP pour intégrer l’équipe de France jeunes, c’est à ce moment que j’ai complètement arrêté le tennis, j’étais classée 15 à l’époque, pour me mettre au volley à fond. Je n’ai donc pas suivi un cursus très classique, c’est en partie dû au choix de mon papa. Je lui ai d’ailleurs demandé plus tard pourquoi il ne m’avait pas mise tout de suite au volley, il m’a répondu qu’il voulait que ça vienne de moi et il avait peur que s’il me forçait au début, j’arrête au bout d’un moment. Mais je pense que le tennis m’a beaucoup aidée dans tout ce qui est mobilité, déplacements…

Comment s’est passée la suite ?
J’ai fait mes trois années de lycée à l’INSEP, où ça s’est très bien passé, en jouant en équipe de France cadettes puis juniors, j’ai passé mon Bac S là-bas, et à ce moment-là, j’ai eu une proposition de Mulhouse pour intégrer l’équipe professionnelle. J’ai débuté en pro à l’âge de 18 ans.

Avez-vous joué à différents postes ?
Oui, tout à fait. A l’INSEP, j’étais centrale, mais comme à l’époque, il n’y avait pas encore de libéro, je réceptionnais aussi. Ensuite, j’ai intégré Mulhouse en tant que centrale, je suis partie au bout d’un an à Melun-La Rochette où j’ai fait une saison au centre. J’ai alors été sélectionnée en équipe de France seniors, et à ce moment-là, une joueuse au poste 2 s’est blessée. Comme mon coach à Melun de l’époque, Sébastien Martin, était adjoint de Jue Gang Bai, l’entraîneur de l’équipe de France, il lui a proposé de me mettre en attaquante en lui disant que je réceptionnais. J’ai ainsi commencé à jouer attaquante en équipe de France et du coup, mon entraîneur m’a gardée à ce poste en club, c’est donc grâce à lui que je suis passée réceptionneuse/attaquante.

En club, vous êtes ensuite passée par la Pologne à deux reprises, Cannes et de nouveau Mulhouse, quels sont vos meilleurs souvenirs ?
En fait, chaque club m’a marquée : j’ai passé cinq ans à Melun-La Rochette, ça veut dire que je m’y sentais très bien, notamment avec Sébastien Martin, un des entraîneurs qui m’a le plus fait évoluer et m’a permis de partir à l’étranger, c’était une très belle période pour moi. A l’étranger, à Muszyna en Pologne, j’ai découvert la Ligue des champions, ce qui m’a permis de me faire remarquer auprès de Yan Fang qui m’a ensuite fait venir à Cannes, où j’ai remporté mes premiers titres, la Coupe de France et le Championnat deux fois, c’est forcément quelque chose qui reste. Ensuite, j’ai passé quatre ans à Mulhouse, un club qui a aussi beaucoup compté pour moi, avant de finir une saison à Legionowo, toujours en Pologne.

Et l’équipe de France ? Vous souvenez-vous de votre première sélection et quels sont les moments forts de votre parcours sous le maillot bleu ?
Ma première sélection, c’était avec Jue Gang Bai, j’étais très jeune, assez impressionnée, je me faisais la plus discrète possible en essayant de faire mon petit trou sur le terrain, ce que j’ai réussi à faire au fur et à mesure, jusqu’à devenir capitaine. Là encore, c’est difficile d’isoler un moment spécifique, chaque saison, il y a quelque chose de fort qui s'est passé, j’ai vécu de très belles années avec Fabrice Vial en tant que coach, il m’a donné toute sa confiance sur le terrain et en dehors en me nommant capitaine, avec notamment ce Championnat d’Europe 2013 en Suisse où on a atteint les quarts de finale. C’était une fin sympa pour moi parce que j’avais annoncé que ce serait ma dernière saison en équipe de France.

"C’est beau d’avoir vécu tout ça"

Un an plus tard, après votre saison à Legionowo, vous mettez un terme à votre carrière, pourquoi ?
De plus en plus, la vie à côté du volley prenait le dessus. Mon compagnon vivait en France, j’avais envie de fonder une famille, de retrouver un cadre qu’il est difficile d’avoir quand vous êtes sportive de haut niveau. Je sentais que c’était le moment et j’ai décidé d’arrêter, j’ai eu la chance de choisir mon moment.

Et qu’avez-vous fait une fois votre carrière terminée ? Aviez-vous fait des études ?
Oui, heureusement, mes parents n’avaient poussée à faire des études, donc j’avais passé une licence STAPS pendant ma carrière sportive. Mais au début, quand j’ai arrêté, la première chose que je voulais, c’était me poser et ne rien faire ! Sauf que mon caractère a repris le dessus et au bout de trois mois, comme je tournais en rond, il fallait que je trouve quelque chose à faire. J’ai eu à ce moment la possibilité d’intégrer une société spécialisée dans l’impression grand format en tant qu’assistante commerciale, aujourd’hui, ça fait cinq ans que j’y travaille, à Strasbourg. Parallèlement, j’ai fondé une famille, j’ai un petit garçon de 3 ans et demi qui s’appelle Alexandre, on est comblés !

Avez-vous gardé des contacts avec le milieu du volley ?
Tout au début, j’ai totalement coupé, même si je restais en relation avec quelques joueuses, comme Armelle Faesch, la passeuse de Mulhouse. Et il y a deux ans, un coach de Strasbourg m’a contactée pour que je vienne jouer dans son équipe pour aider le club, j’ai accepté et ça fait deux ans que je joue dans ce club, à Constantia, je fais un entraînement et les matchs à domicile, on joue aujourd’hui en Nationale 3. J’aime bien les matchs, pour l’enjeu, la compétition et la gagne.

Et suivez-vous l’actualité du volley ?
Oui, bien sûr. Quand on arrête comme ça, on ne peut pas totalement exclure le monde dans lequel on a évolué, donc je suis l’actu, le Championnat de France et l’équipe de France garçons, plus facile à suivre que celle des filles, car plus médiatisée. Je trouve que ces Bleus dégagent une belle force collective, de l’extérieur, on a l’impression qu’ils s’entendent très bien. Qu’ils perdent 2-0, comme on l’a vu contre la Slovénie lors de la qualif olympique, ou qu’ils gagnent 2-0, ils ne lâchent rien, ils ne regardent pas ce qui s’est passé avant ni ce qui va se passer après, ils jouent point après point, c’est beau à voir.

Pour finir, quand vous vous retournez sur votre carrière, auriez-vous imaginé, au moment de débuter le volley à 13 ans, un tel parcours ?
C’était toujours un petit rêve, et finalement, tout s’est enchaîné au fur et à mesure, j’ai tout fait pour gravir les échelons les uns après les autres et les opportunités se sont présentées à chaque fois. Quand je regarde en arrière, je trouve que c’est beau d’avoir vécu tout ça. Maintenant que je suis dans une vie active « normale », que je sais ce que c’est de se lever le matin et de rentrer le soir après une journée de boulot, je me dis qu’une carrière de sportive de haut niveau permet de vivre des aventures et des émotions qu’on ne vit pas forcément dans un quotidien lambda. Et ça, on ne s’en rend pas forcément compte quand on le vit de l’intérieur, on se le dit de temps en temps, mais comme on n’a jamais eu d’autre expérience professionnelle, on ne réalise pas la chance que c’est de vivre du sport de haut niveau, même s’il y a aussi beaucoup de contraintes : on n’est pas là un week-end sur deux, on ne voit pas beaucoup sa famille… Mais tout ce qu’on gagne à côté, c’est extraordinaire.