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07/04/2020
Nicolas Le Goff : « La meilleure décision à prendre »
Après deux saisons à Berlin, dont la seconde n'a pu aller à son terme à cause de l'épidémie de Covid-19, Nicolas Le Goff évoluera les deux prochaines à Montpellier, le club où il a débuté en pro. Le central des Bleus explique dans L'interview bleue de la semaine ce transfert et raconte son confinement.
Peux-tu nous raconter comment s’est passée ta mise en confinement ?
Ça fait un petit moment que je suis rentré à Montpellier, parce qu’en Allemagne, ils ont pris la décision très rapidement d’annuler le Championnat, ça s’est fait en même pas une heure. Il n’y avait pourtant aucune mesure qui était prise, on continuait à jouer les matchs normalement, devant du public. Et un jour, à l’entraînement, Cédric (Enard, l’entraîneur) nous dit que les playoffs vont peut-être être raccourcis ; on s’entraîne, on rentre chez nous, et une heure après, on reçoit un texto de Cédric qui nous dit : « Salut les gars, la fédération allemande s’est réunie aujourd’hui et a pris la décision d’annuler le Championnat, la saison est terminée. » Ça s’est passé il y a presqu’un mois, parce que je suis rentré le lundi matin (16 mars), la veille du confinement en France, et cette annonce, c’était le jeudi d’avant. On voyait qu’en Italie, c’était suspendu, mais nous, en Allemagne, les dernières nouvelles qu’il y avait, c’était que le Championnat allait se jouer normalement, il y avait très peu de cas de coronavirus à ce moment-là en Allemagne, donc la décision nous a vraiment surpris, nous n’étions même pas au courant qu’il y avait une réunion, mais visiblement, ils avaient décidé de prendre le taureau par les cornes.

Le titre de champion n’a pas été attribué ?
Non, parce qu’il nous restait deux matchs de Championnat avant de démarrer les playoffs. Et la règle en Allemagne est que si jamais, pour X ou Y raison, les playoffs ne peuvent pas être joués, le champion est celui qui a remporté la saison régulière, à condition que celle-ci soit terminée. Donc même si, mathématiquement, on ne pouvait pas être rejoints et qu’on n’avait pas perdu un match de la saison en Championnat, officiellement, nous n’avons pas été déclarés champions.

N’est-ce pas un peu frustrant de terminer l’aventure avec Berlin de cette façon ?
C’est sûr que ça nous a tous fait un choc, parce qu’on ne s’y attendait vraiment pas. On avait muscu le lendemain à 9 heures, et en arrivant à la maison, on reçoit un message et tout est fini, ça a été assez brutal. Et c’est vrai que c’est dommage de terminer comme ça, à la sortie d’un entraînement, il y a eu un peu de frustration et d’incompréhension, c’était vraiment une situation bizarre.

Que gardes-tu au final de ce deuxième passage à Berlin ?
Que du bon. La première saison, on a été champions, et la seconde, même si on n’a pas pu aller au bout, on a été invaincus en Allemagne, que ce soit en Coupe, en Supercoupe et en Championnat, on peut difficilement faire mieux. C’était donc une super saison, sportivement et humainement, on avait un super groupe, je n’en garderai que de bons souvenirs, c’était top.

Tu as décidé de t’engager pour les deux prochaines saisons à Montpellier, peux-tu nous expliquer pourquoi ?
C’est une décision que j’ai mûrement réfléchie. Ça faisait un petit moment que le rythme de jouer toute la saison en club à l’étranger et de partir tout l’été avec l’équipe de France commençait un peu à me peser, parce que je n’étais jamais chez moi, je ne voyais quasiment jamais ma famille. J’avais envie de faire une sorte de break, mais ce n’est pas pour autant que je viens à Montpellier en vacances, loin de là, j’arrive à Montpellier avec les mêmes ambitions et la même envie de gagner que j’ai quand j’arrive dans un club à l’étranger. Et ce n’est pas définitif, j’ai signé 2+1 à Montpellier, rien ne dit qu’après, je ne reparte pas à l’étranger. J’avais juste besoin de souffler et de me sentir un peu chez moi.

Comment vois-tu le challenge avec Montpellier ?
Sportivement, le projet est très intéressant dans une équipe qui performe depuis plusieurs saisons. L’équipe qui a été montée pour la saison prochaine a l’air vraiment compétitive, la Ligue A est un bon championnat et le club a fait un effort important pour me recruter, je pense qu'on aura les armes pour jouer les premiers rôles. Donc, c’était un bon compromis pour moi, je n’avais pas envie d’arriver à saturation dans une ou deux saisons et d’envoyer l’équipe de France valser à cause de ça, parce que j’ai envie de me donner les moyens de participer aux Jeux de Paris 2024. Et je ne suis jamais aussi bon quand je me sens bien dans ma vie de tous les jours. Le fait d’avoir un environnement et un cadre de vie qui me plaisent, qui plus est dans mon premier club pro que je connais bien, va me permettre d’être encore plus libéré, ça ne peut me faire que du bien. C’était donc la meilleure décision à prendre.

Te voilà donc déjà à Montpellier, comment se passe ton confinement ?
Je ne pense pas être le plus à plaindre, mais c’est sûr que c’est compliqué. Au début, j’avais pas mal d’aménagements et de bricolage à faire dans mon appartement, ça m’a occupé un peu de temps, mais là, les journées comment à être un peu longues. On a la chance d’avoir un extérieur, donc de pouvoir prendre un peu l’air, mais c’est quand même très frustrant d’être rentré après une saison à Berlin sans voir mes proches et de ne pas pouvoir les voir davantage alors qu’ils sont tous à proximité. Maintenant, on sait que c’est important de respecter ce confinement et qu’il faut en passer par là pour espérer retrouver une vie sociale à peu près normale, même si je pense qu’au début, on ne pourra pas tout faire. Donc on prend notre mal en patience et on attend.

Depuis plusieurs années, vous, les internationaux, vivez des saisons assez épuisantes, n’est-ce pas une opportunité justement pour prendre un peu de repos ?
Oui, à ce niveau-là, ça peut faire du bien, dans le sens où on a le temps de se reposer, de souffler, mais il ne faut pas que ça dure trop, car rester à ne rien faire pendant longtemps, ce n’est pas très bon non plus. Ca peut aussi nous apporter finalement ce petit manque de volley qu’on ne ressent plus depuis des années et qui fait que quand on pourra reprendre, ça fera tellement longtemps qu’on n’aura pas joué qu’on sera morts de faim et on prendra encore plus de plaisir. C’est peut-être un mal pour un bien. Et ça sera aussi le cas avec l’équipe de France : si jamais on ne joue pas cet été, le fait de ne pas se voir nous donnera peut-être un nouveau souffle au moment de se retrouver dans un an pour la VNL puis les Jeux.

Comment vis-tu le report des Jeux Olympiques ?
On s’était tous un peu conditionnés au fait que ça allait être reporté, on voyait bien la situation évoluer. Personnellement, je trouve ça un peu frustrant, parce qu’on avait une grosse envie de les faire, mais on sait qu’on est qualifiés et que si tout rentre dans l’ordre, on va bien finir par les faire, ces Jeux, l’envie n'en sera que plus forte.