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(Miniature) Juliette Gelin : « Avant, j’étais une pile électrique »
Photo : Julien Crosnier / FFVolley
06/03/2020
Juliette Gelin : « Avant, j’étais une pile électrique »
Deuxième libéro de l’équipe de France lors du dernier EuroVolley 2019, Juliette Gelin, qui n’avait alors que 17 ans, s’apprête à boucler sa deuxième saison en Ligue A, titulaire au sein de l’équipe de l’IFVB, France Avenir 2024. Celle qui aspire à débuter en pro la saison prochaine répond à L’interview bleue de la semaine.
Avant d'évoquer la saison actuelle, revenons d’abord sur ton premier été en équipe de France et notamment sur l’EuroVolley, au cours duquel tu étais la deuxième libéro de l’équipe de France, que retiens-tu de cette expérience ?
Le Championnat d’Europe, c’était le Graal, l’accomplissement de tout le travail que j’avais fait depuis cinq mois, une sorte de cerise sur le gâteau, le meilleur moment de cet été. Après, les cinq mois dans leur globalité ont été très intenses et éprouvants, à la fois émotionnellement et physiquement, mais ça a été pour moi un apprentissage très riche dont j’essaie de me servir pour éviter à l’avenir de refaire les mêmes erreurs ou pour faire certaines choses d’une autre façon. J’ai forcément une grande marge de progression, mais sur cette compétition, j’ai fait le maximum de ce que je pouvais faire, je me suis donnée à 100%.

Si tu ne devais garder en tête qu’une image de cet Euro, ça serait laquelle ?
Le match qu’on perd 3-1 contre les Serbes, clairement ! On s’est rendu compte que oui, elles étaient impressionnantes physiquement, oui, nous avions beaucoup de travail pour espérer atteindre un jour leur niveau, mais en même temps que ce n’était pas impossible de rivaliser avec ces filles-là. Même s’il n’y avait pas forcément toutes les titulaires en face, on a vu que ces filles n’étaient pas d’une autre planète. Nous n’avions pas été à la ramasse complet.

Quel bilan as-tu fait de ce premier tournoi européen pour la grande majorité d’entre vous ?
Il y a forcément de la déception, parce que quand on va à un Championnat d’Europe, ce n'est pas pour se faire sortir en phase de poules, mais c’était une première expérience pour une nouvelle génération, donc il y a aussi des choses positives à retenir.

Dans la foulée de l’Euro, tu as retrouvé l’IFVB, cela a-t-il été difficile de retomber sur terre ?
Oui et non. Non, parce que j’ai fait le bilan personnel de ces cinq mois en équipe de France et je me suis vite fixé des objectifs de choses que je voulais travailler à l’IF. Je me disais « Il faut que je bosse ça en réception, ça sur les relances et sur les passes... », j’avais envie de repartir au travail parce que j’avais identifié certains points sur lesquels je devais progresser. Après, c’est vrai que quand on joue des compétitions comme ça face à des joueuses d’un tel niveau, ce n’est pas la même chose qu’à l’IF où il y a des filles qui jouaient en pré-Nationale ou en N2 l’année dernière, il y a forcément une grosse différence de niveau, mais ça ne m’a pas non plus dérangée plus que ça, j’y étais préparée.

Comment juges-tu cette saison en Ligue A de l'équipe de France Avenir 2024 ?
Il y a des hauts et des bas, à savoir des défaites qui n’en sont en fait pas vraiment, dans le sens où on est « contentes » en sortant du match, on sent une osmose, une progression dans certains secteurs. A l’inverse, il y en a d’autres où on se dit clairement qu’on n’y était pas en termes de niveau de jeu, d’intensité, d’envie de jouer. Cette irrégularité est vachement frustrante, parce qu’on ne sait jamais à l’avance comment ça va se passer, c’est un peu comme si on tirait à pile ou face.

Psychologiquement, est-ce compliqué à vivre pour le groupe de ne pas gagner ?
Non, je me dis que dans les autres pays, ils font la même chose : en Italie, aux Pays-Bas, en Allemagne… Je me dis qu’on n’est pas les seules et que ça va s’arrêter un moment puisqu’on ne va pas passer notre vie à l’IF. Pour moi, ça dure deux ans, et ensuite, j’irai dans un club. Peut-être que je ne gagnerai pas tous les matchs, mais je ne pense pas que je les perdrai tous, sinon ça va être compliqué ! Donc ce n’est certes pas très plaisant quand on est une compétitrice de perdre tous les week-ends, mais je ne m’inquiète pas, je sais qu’on est là pour la formation, c’est dans le deal.

Emile Rousseaux est-il présent avec vous cette saison ?
Oui, il est beaucoup plus présent que la saison dernière sur les matchs et sur les semaines d’entraînement. C’est bien, parce qu’il peut voir nos progrès au jour le jour, c’est forcément beaucoup plus facile pour échanger. Il ne va pas nous juger sur des statistiques, mais sur notre évolution, notre attitude, notre façon de réagir. Si par exemple, il me demande de prendre plus de place en réception, il y a des risques que mes stats baissent un peu. S’il se contentait alors de regarder les stats sans être là, il se dirait que je régresse, alors que le fait d’être avec nous lui permet d’accompagner notre progression, c’est différent et c’est mieux.

Dans quel domaine justement estimes-tu avoir progressé depuis le début de la saison ?
Je dirais dans la lecture du jeu, je pense que je suis plus en accord avec les temps de jeu. Avant, j’étais une pile électrique, je courais dans tous les sens sans m’arrêter. Aujourd’hui, je trouve que je suis plus stable au niveau de cette lecture de jeu, savoir quand il faut accélérer, savoir quand il faut regarder le jeu, lire les mains de la passeuse, les bras de l’attaquante, je me sens plus à l’aise sur ces aspects.

Parlons de la suite, as-tu déjà une idée d’où tu joueras la saison prochaine pour tes débuts en pro ?
Non, pas encore, c’est en cours de réflexion, mais rien n’est encore décidé. Ce qui est certain, c’est que mon objectif est de trouver un club de Ligue A dans lequel je serai titulaire.

Quand tu vois une joueuse comme Amandha Sylves, sortie l’an dernier de l’IFVB et aujourd’hui titulaire à Nantes, un des meilleurs clubs de Ligue A, ça donne envie ?
Bien sûr, clairement ! Certes, Amandha, c’est un OVNI, mais on se dit que si elle peut le faire, d’autres aussi, ça devient forcément une source de motivation pour nous toutes, parce qu’on se dit que c’est possible.

Cette équipe de France Avenir 2024, c’est un vrai marche-pied pour vous ?
Oui, on est dix fois plus exposées, les gens peuvent nous suivre sur plusieurs saisons. Pour ma part, quand je serai sortie de l’IF, j’aurai joué environ 40 matchs de Ligue A titulaire, ce n’est pas rien et on ne pourra pas m’enlever ça dans la négociation.

Finissons par l’équipe de France, comment vois-tu l’été à venir ?
Je l’appréhende comme un recommencement, c’est un nouvel été, il y aura encore de la concurrence, il faudra reprouver qu’on mérite sa place pour jouer avec les plus fortes. Je suis impatiente, parce que c’était une expérience hors du commun l’année dernière de jouer avec des super nations.

Cette saison va aussi marquer, après les JO de Tokyo, le début d’une nouvelle olympiade, avec les Jeux de Paris au bout, ça change beaucoup de choses ?

Clairement, quand tu sais qu’au bout de ce cycle de quatre ans, il y a les JO à Paris, tu as envie de tout faire pour y être. Ça donne la motivation de se lever tous les matins et de se dire « Aujourd’hui, je vais charbonner », parce que tu sais que les JO, c’est pour beaucoup de sportifs l’accomplissement d’une carrière. Et il y a aussi le côté compétitrice qui me motive : on sait qu’on est qualifiées d’office parce que c’est en France, mais on n’a pas envie de juste participer, on veut se donner les moyens de performer contre les grandes nations.