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03/05/2017
Brizard : «Faire quelque chose d’énorme»
Passeur titulaire de Toulouse et convoqué par Laurent Tillie en tant que n°2 en équipe de France, Antoine Brizard dispute samedi la finale de Ligue A face à Chaumont à Coubertin. L’occasion de s’entretenir avec celui qui jouera à Varsovie la saison prochaine.
Dans quel état d’esprit Toulouse aborde-t-il la finale de Ligue A ?
Nous sommes assez tranquilles, nous ne sommes pas trop impatients, je pense que c’est une bonne chose. J’ai déjà vécu deux fois une finale en tant que deuxième passeur à Paris, malheureusement nous étions à chaque fois passés à travers, c’était peut-être dû à une certaine impatience. Là, on travaille bien, nous sommes super heureux de pouvoir défendre nos chances à Paris.

Quels souvenirs gardez-vous de ces deux finales précédentes avec Paris ?
Ce ne sont pas de très bons souvenirs, parce que nous avons perdu à chaque fois, mais une finale, c’est quand même un événement exceptionnel. Je n’ai pas une expérience folle, mais juste pour avoir vécu l’événement de l’intérieur, je sais que ça peut être déstabilisant si on l’aborde différemment que d’habitude. C’est certes complètement différent d’un match de Championnat, même de playoffs, avec les trois finales le même jour qui donnent à cette journée un esprit "fête du volley", on joue dans une salle à laquelle on n’est pas habitué… J’essaie de mettre en garde certains de mes partenaires, il faut qu’on continue à jouer avec l’enthousiasme qui nous caractérise sans trop faire de calculs, il ne faut pas se laisser déborder par l’événement, ce serait trop dommage.

Est-ce une surprise de retrouver Toulouse en finale ?
Une surprise, oui et non. Sur le plan sportif, on savait que tout le monde pouvait battre tout le monde dans ce Championnat un peu fou, mais on peut quand même dire que c’est une surprise : si on nous avait dit il y a un mois et demi au soir de notre défaite chez nous face à Chaumont qu’on serait en finale, personne n’y aurait cru, car on était vraiment au fond du seau. On avait beaucoup de blessés, Bram Van Dries était malade, c’était un moment compliqué… Après, nous sommes aussi conscients de la force que nous pouvons avoir ; et sur le niveau intrinsèque de notre équipe, je pense que nous n’avons pas volé notre place en finale.

Comment expliquer ce redressement ?
Déjà, nous avons récupéré nos blessés : Luka Basic est bien revenu, il est proche de son meilleur niveau, nous avons aussi récupéré Yacine Louati qui avait un problème à l’épaule… Et nous avons repris confiance sur quelques matchs, comme celui gagné à Paris 3-1 qui nous a remis la tête à l’endroit parce que c’était juste après Chaumont. Et on se rend compte que ce statut d’outsider nous va bien finalement…

Qu’est-ce qui fait la force de Toulouse cette saison ?
On a déjà un très bon pointu ! Après, ce serait injuste de résumer notre équipe à ça et je pense aussi que nous avons une grande insouciance, c’est sans doute lié à notre jeunesse, nous sommes hyper enthousiastes et on croit toujours en nous, ce qui nous a notamment permis de battre Tours puis Nice en playoffs. Mais c’est aussi ce qui fait que nous pouvons aussi perdre contre Narbonne ! Maintenant, il faut que ça continue car c’est comme ça qu’on joue le mieux, on s’éclate à jouer ensemble, j’espère que ça se voit, on ne triche pas, on n’a pas peur non plus de se dire les choses quand il le faut.

Chaumont est-il le favori de la finale ?
Oui, complètement, ce serait mentir de dire le contraire. Ils ont fait une saison exceptionnelle, ils ont un collectif et une profondeur de banc impressionnants, un entraîneur exceptionnel, le club est hyper structuré, c’est une équipe taillée pour jouer le titre et être championne de France. Ils ont été gagner à Poitiers et Ajaccio en playoffs, ils sont capables de vraiment très bien jouer, c’est indéniable qu’ils sont favoris.

"Cédric a été exigeant avec moi mais il m’a toujours laissé jouer comme j’en avais envie"

Comme Chaumont, vous disputez votre première finale de Ligue A, sentez-vous que vous êtes attendus par vos supporters ?
On sent une attente parce que les gens se rendent compte que nous ne sommes pas loin de faire quelque chose d’énorme, mais ce n’est pas une pression, dans la mesure où ils ont conscience que nous faisons déjà une saison exceptionnelle, c’est historique pour le club. De notre côté, nous essayons de ne pas accorder trop d’importance aux avis extérieurs, on ne s’est pas fixé de limites depuis le début de la saison, ce n’est pas maintenant qu’on va commencer. On ne se met pas de pression particulière, mais ce serait vrament dommage de ne pas jouer ce match pour le gagner, on n’est pas là juste pour profiter de la fête. D’autant que l’équipe va beaucoup changer l’année prochaine, c’est l’occasion de faire quelque chose d’énorme.

Le volley arrive-t-il à exister à Toulouse à côté d’autres disciplines comme le rugby ou le foot ?
Oui, je pense. Depuis que je suis arrivé, je vois la salle de plus en plus remplie et on s’est fait interpeller pour certains dans le métro pour nous féliciter après notre victoire à Nice, cela ne nous est jamais arrivé en deux ans, c’est sans doute le signe que les gens ont conscience que le volley marche bien cette année. Après, le volley ne détrônera jamais le rugby, même avec les mauvais résultats de cette année, mais le public est différent. 

Vous avez un entraîneur, Cédric Enard, qui fait confiance aux jeunes, avez-vous d’entrée senti cette confiance lorsque vous êtes arrivé il y a deux ans ?

Oui, je l’ai même sentie avant d’arriver par le fait qu’il me fasse signer un contrat pro et me prenne en premier passeur, c’était un gage de confiance. Il a toujours été exigeant avec moi, il m’a guidé, mais il m’a toujours laissé jouer comme j’en avais envie, et je pense qu’il le fait avec tous les joueurs. Il a cette fibre formatrice, mais il ne fait pas que donner une place en Ligue A, il fait tout pour que tous ses joueurs soient dans les meilleures dispositions possibles.

Avez-vous l’impression d’avoir pris une autre dimension cette saison ?
Oui, je pense. Déjà, parce qu’il y a plus de jeunes que l’année dernière après les départs de certains joueurs l’été dernier, Trévor (Clevenot), Facundo Santucci et Radtke, il a du coup fallu prendre une place différente dans le vestiaire, nous avons été plusieurs à être investis de davantage de responsabilités.

"Je vais pourvoir profiter de l’expérience de « Totti »"

Vous allez à votre tour quitter Toulouse, puisque vous avez signé deux ans à Varsovie, comment s’est fait ce transfert ?
Mon agent travaille aussi avec Stéphane Antiga, il m’avait dit que Stéphane était intéressé par ma venue s’il était amené à reprendre l’équipe de Varsovie, ce projet m’a tout de suite intéressé et j’ai immédiatement donné mon accord quand c’est devenu concret : j’étais emballé par le projet et le fait de travailler avec Stéphane.

Quel est ce projet ?
Il y a un nouveau sponsor qui va mettre plus d’argent dans le club. L’équipe a terminé 10e cette saison, mais il y a l’objectif de bien figurer à l’avenir, ils ont recruté de bons joueurs polonais, avec la volonté de pratiquer du beau volley et de donner envie aux gens de revenir dans la salle. C’est un projet taillé sur mesure pour moi : je ne voulais pas partir dans un club de top niveau européen où je n’allais pas jouer, je ne voulais pas non plus me retrouver dans un club qui allait perdre tous les week-ends, c’est le compromis idéal.

Que vous inspire le Championnat polonais ?
Le volley est un sport national là-bas, avec plus d’engouement qu’en France, c’est un championnat où il y a plus d’équipes donc plus de matchs, plus de professionnalisme. Je ne peux pas encore juger le niveau de toutes les équipes, mais je suis très enthousiaste à l’idée d’aller jouer là-bas.

Avant cela, il y a l’équipe de France cet été, vous avez été retenu par Laurent Tillie pour le TQCM, est-ce une sélection que vous attendiez ?
J’entendais beaucoup de gens me dire que j’allais être sélectionné, mais je n’ai pas voulu trop y penser cette saison, je me suis surtout attaché à bosser beaucoup pour l’équipe, en me disant que ça serait à Laurent de faire son choix. J’avais évidemment très envie d’y être et je suis ravi, mais je n’ai pas pensé à ça toute la saison, cela aurait été se tromper de se fixer ça comme objectif prioritaire.

Vous aviez mis un pied dans cette équipe de France il y a un an, quels souvenirs gardez-vous de cette première incursion ?
Plutôt un orteil qu’un pied ! J’ai fait deux semaines au début de la préparation avec Laurent et quelques joueurs de la liste, ensuite une semaine à Tourcoing avec eux. C’était intimidant au début, mais je suis arrivé dans un groupe qui vit très bien avec des mecs géniaux qui m’ont mis à l’aise tout de suite. C’est génial d’arriver au moment où cette équipe de France est à son apogée et où l’engouement autour d’elle n’a jamais été aussi fort. J’en garde donc un très bon souvenir même si sur mon premier match, un set en amical contre l’Iran, j’avais eu un peu de mal à me libérer, je n’avais pas été complètement satisfait de ce que j’avais fait. Maintenant, je suis content de l’avoir fait l’an dernier, j’aurai moins de pression cette année !

Le programme est très chargé cet été avec pas moins de quatre rendez-vous internationaux, est-ce une opportunité pour vous montrer ?

Me montrer, non, mon objectif est surtout de progresser et d’essayer d’apporter à l’équipe. Et je vais pourvoir profiter de l’expérience de « Totti », voir comment il travaille.

Justement, que vous inspire Benjamin Toniutti ?
C’est un passeur et un joueur de volley exceptionnel, le meilleur passeur sur side-out en ce moment dans le monde, avec un calme impressionnant, c’est aussi lui qui a mené l’équipe où elle est maintenant.