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(Miniature) Haak : « Je joue parce que c'est drôle »
Isabelle Haak, au contre à gauche.
14/03/2017
Haak : « Je joue parce que c'est drôle »
Malgré la défaite de Béziers samedi en finale de la Coupe de France face à Venelles, l'attaquante franco-suédoise Isabelle Haak s'est encore montrée à son avantage avec 46 points inscrits. Entretien avec cette jeune pépite (17 ans) qui n'en finit pas de faire parler d'elle.
Pourquoi avoir choisi le volleyball ?
J'ai commencé le volley grâce à ma mère et ma soeur. On échangeait des balles dans le jardin et sur la plage pendant les vacances. Puis, à l'âge de 9 ans, je me suis inscrite dans un club. À 13 ans, j'intégrais l'équipe nationale U19 et le club d'Engelholms où j'ai joué trois saisons. Je n'ai jamais vraiment eu de modèle, mais je me suis beaucoup inspirée des matchs de volley que je regardais, particulièrement ceux des garçons.

Du sud de la Suède au sud de la France, qu'est-ce qui vous a menée à Béziers ?

Après avoir remporté le championnat suédois deux fois d'affilée et décroché le titre de MVP, j'ai décidé de quitter la Suède pour retrouver un peu de challenge. J'ai de la famille en France. Mon père était français aussi. Ma mère a longtemps vécu avec lui à côté d'Aurillac. Nous avons donc logiquement pensé à la France. Depuis la Suède, nous avons regardé plusieurs matchs, c'est comme ça que l'on a repéré le club de Béziers. Après un coup de fil et quelques discussions avec Didier Huc, le directeur sportif, nous avons décidé de leur rendre visite en février, il y a un an. Je m'y suis très vite bien sentie : le club m'a beaucoup plu, les liens entre les joueuses, les entraineurs et les supporters sont forts, on est un peu comme une famille. J'ai été charmée par la ville aussi et j'ai fini par m'y installer.

Vous vous êtes inclinées face à Venelles ce samedi, en finale de la Coupe de France. Avec le recul, quelle a été la difficulté majeure selon vous ?
Nous avions très bien commencé, nous tenions notre tactique, établie à partir des séances vidéo. On gagne le premier set 25-12, tout était parfait de notre côté. Mais elles se sont forcément réveillées et sont revenues dans le jeu. Elles ont commencé à lire nos attaques, elles se plaçaient bien en défense. Nous n'avons pas réussi à rester concentrées sur la durée. Nous avons eu beaucoup trop de hauts et de bas et cela nous a coûté le match.

Quels ont été les mots de Cyril Ong, votre entraîneur, notamment lors du quatrième set pendant lequel tout pouvait basculer ?
Il nous a dit de rester calmes et de nous appliquer sur le système défensif, qui était déterminant. Lors de ce match, nous avions beaucoup de pression sur les épaules. Quand le score était serré, nous ne sommes pas parvenues à gérer le stress. Aix Venelles, oui.

Lors de ce match vous avez eu 93 ballons à négocier, soit 55% des passes distribuées. Vous en convertissez 41, et vous marquez 46 points au total, ce qui est énorme. La défaite ne montre-t-elle pas cependant la limite d'un jeu centré autour d'une joueuse ?
Nous restons une équipe. Nous devons d'abord réceptionner, puis faire la passe. Le point ne se résume pas seulement à sa conclusion, il y a toutes ces petites choses derrière. C'était un gros match et je savais que j'allais avoir beaucoup de ballons. C'est vrai, je me suis sentie un peu seule à l'attaque. Bien sûr, toutes les joueuses sont capables de faire des points dans l'équipe et pour gagner, on a besoin de tout le monde, mais c'est vrai que dans les moments chauds, notamment en fin de set, j'ai reçu beaucoup de ballons.

Privées d'Hélèna Cazaute en décembre dernier après sa blessure au genou, vous devez alors composer sans une autre arme de choix...
C'est très triste qu'elle se soit blessée, elle était très importante pour nous. Mais après cela, il nous a fallu aller de l'avant. Elle nous manque, bien sûr, mais on ne peut pas penser à cela après chaque défaite. Nous avons recruté et maintenant, ça se passe bien. Même si le mois de janvier a été très dur. Cela prend forcément un peu de temps de reconstruire l'équipe avec une nouvelle joueuse.

Actuellement à la 4e place, vous avez découvert la Ligue AF cette année. Comment qualifieriez-vous le championnat français ?
Si je compare le championnat français au championnat suédois, je remarque une énorme différence. Pas seulement dans le niveau, mais surtout dans l'équilibre du championnat. En Ligue AF, les équipes du bas de tableau sont capables de venir bousculer et même de battre les équipes du haut de tableau. Comme Aix-Venelles l'a montré samedi, mais aussi Evreux qui nous a battues cette saison.

"Sur le sable pour le fun"


Deux championnats de Suède remportés, un titre de MVP, actuellement meilleure marqueuse du championnat français (466 points, 24 points par match en moyenne), c'est déjà un palmarès dense pour une jeune fille de 17 ans seulement. Comment gérez-vous cela ?

Je ne pense pas trop à tous ces points. Je joue parce que je trouve ça drôle et c'est seulement à la fin du match, de la saison, que l'on peut voir ce que ça donne. Je suis très heureuse de mener le classement des meilleures marqueuses du championnat, mais je n'y pense pas trop au quotidien.

Vous dégagez sur le terrain quelque chose de léger, de l'insouciance, mais aussi une forme de relâchement précieux. Quel est votre état d'esprit pendant les matchs ?
Je joue parce que c'est drôle, j'adore être sur le terrain et je veux le montrer à tout le monde. Et quand je mets des points, je veux montrer à quel point j'aime jouer, exprimer mes émotions et les partager avec toute l'équipe.

Avec la saison que vous faites, vous devez sûrement avoir reçu quelques sollicitations pour la rentrée prochaine...
Peut-être que oui... (rires) Je dois forcément penser à mon avenir. Mais là, tout de suite, ce qui compte, c'est uniquement les playoffs. Avoir une trajectoire ascendante, c'est important, mais j'ai l'opportunité de rester à Béziers encore un an si je le veux. Nous verrons... Je ne sais pas encore dans quel pays j'aimerais jouer plus tard.

Avec votre double nationalité franco-suédoise, beaucoup de gens espèrent vous voir un jour rejoindre les rangs des Bleues. Quel message aimeriez-vous leur envoyer ?
En effet, énormément de gens me posent cette question. Vous savez, il y a des règles si vous voulez changer d'équipe nationale, elles sont nombreuses et assez contraignantes. Rejoindre les Bleues, personne ne me l'a demandé pour le moment, mais je sais que j'en ai la possibilité. Cependant, je ne suis pas certaine de vouloir le faire maintenant.

Plus que quelques matchs avant de débuter les playoffs. À deux mois de la fin de la saison, avez-vous déjà une idée de votre programme pour cet été ?

L'équipe nationale de Suède se rassemble début mai et je les rejoindrai autour du 15. Nous allons jouer la Ligue Européenne et tenter d'aller le plus loin possible dans cette compétition. Ensuite, je jouerai sûrement un peu dans le sable (Isabelle Haak a déjà participé à plusieurs compétitions internationales de beach-volley). Mais cette fois-ci, ce ne sera pas avec l'équipe nationale. Ce sera juste pour le fun et surtout pour rester en forme.