Accueil >>
HOME
Actualités FFvolley
Voir tout
24/08/2016
JO : Le débrief de Laurent Tillie
Auteur A.C., à Rio
Rentré hier de Rio, Laurent Tillie a dressé, avec plus de recul, le bilan de l’aventure olympique tricolore et la 9ème place des Bleus.
La déception : « Nous avions besoin d’évacuer »
« La déception reste, il y a encore beaucoup de frustration parmi nous tous. On se dit qu’on a vraiment été dans une poule difficile, on voit que trois équipes de notre poule sont allées en demi-finales, deux en finale, c’est difficile à accepter mais c’est comme ça. Depuis l’élimination, nous nous sommes tous éparpillés, on s’est parlé un peu dans le bus après le match, c’était plus un débriefing émotionnel, après les joueurs sont partis, c’était normal, nous avions tous besoin d’évacuer. 

Le bilan sportif : « Nous avons vu nos limites dans certains secteurs »
« Ce qu’il nous a manqué pour sortir de la poule, c’est un peu d’énergie sur le premier match, un peu de rigueur d’une façon plus globale. Je crois que c’est dû à la baisse de concentration après la qualification et la World League, on se disait que ça allait passer, du coup, nous avons été un peu moins performants. On s’entraînait pourtant beaucoup, mais on n’avait pas la même rigueur, nous devons progresser dans ce domaine, particulièrement avant les grandes compétitions. Après, nous avons vu nos limites dans certains secteurs, le bloc en particulier, il faut que nous soyons beaucoup plus rigoureux, performants et agressifs au bloc. Si nous avions un minimum d’agressivité dans ce domaine, ça nous donnerait une marge. On a aussi manqué d’efficacité au service, un secteur de jeu dans lequel nous avions pourtant énormément progressé ces derniers temps, dans la régularité, la diversification et la puissance. Sur ce tournoi, nous avons fait trop de fautes et nous n’avons pas assez mis les adversaires en difficulté. Il y a donc des secteurs techniques dans lesquels nous pourrions être plus efficaces, ce qui nous permettrait de faire les points qui nous ont manqué sur ce tournoi. Malgré ça, en dehors de l’Italie, on perd sur des scores très serrés. »

Le bilan individuel : « Il n’y a que les handballeurs qui gagnent tout au très haut niveau ! »
« Si on parle des individualités, certains joueurs, et ils le savent, ont été un peu en-dessous de ce qu’ils savent faire : on attendait peut-être un peu plus de Kevin Le Roux, à l’attaque, au service et au bloc, un peu plus de Kevin Tillie à l’attaque, peut-être un peu plus de précision chez Benjamin Toniutti. Il y a eu une accumulation de petits détails qui, finalement, expliquent qu’au lieu de gagner les sets 25-23, comme l’année dernière, on les a perdus 23-25. C’est ce qui donne d’ailleurs un peu plus de valeur aux résultats que nous avons faits en 2015. L’année dernière, tout s’alignait, nous étions à la perfection avec zéro marge, là, les autres équipes sont clairement passées un cran au-dessus. Et il faut savoir que tout gagner au très haut niveau, il n’y a que les handballeurs français qui savent le faire pour l’instant ! »

Le manque d’expérience ? « Nous voulons tous rebondir sur ce que nous avons vécu »
« Oui, ce manque d’expérience olympique a joué, surtout sur le premier match face à l’Italie. Par contre après, j’ai trouvé que les joueurs ont été vraiment pros dans leur démarche, ils ne se sont pas éparpillés, ils sont restés ensemble, concentrés sur l’objectif, ils se sont beaucoup auto-motivés, là-dessus, ils ont été remarquables car tenir sur une compétition aussi longue, avec un jour de repos entre chaque match, tout en restant concentrés, ça montre le gros travail et la forte motivation dont ils ont fait preuve. Là-dessus, ils ont été irréprochables. Maintenant, cette expérience nous servira pour l’avenir : pour augmenter cette fameuse marge dont je parle, il faut que les joueurs soient conscients du travail à faire et de l’attitude à avoir. De notre côté, le staff, il faudra peut-être aussi rechercher de nouveaux joueurs, avoir une nouvelle façon de travailler et de nouvelles exigences, c’est évident que nous voulons tous rebondir sur ce que nous avons vécu à Rio. Et je rappelle que nous n’avons jamais dit que nous allions faire le podium, nous avons dit que nous voulions le faire, la concurrence était vraiment très forte. 
Mais c’est une grande satisfaction d’avoir vécu cette aventure collective, parce que nous partions de rien il y a quatre ans, nous avons franchi des échelons petit à petit. Je pense que les gens nous reconnaissent maintenant et ne nous souhaitent que du bien, pas par politesse, mais plus parce que nous avons fait la preuve d’une certaine force et d’un certain style qu'ils apprécient. C’est toujours difficile de trouver un style qui gagne. »

Le bilan personnel : « Que de la satisfaction »
« Mon bilan personnel de ces quatre ans, ce n’est que de la satisfaction. Ces joueurs et ce staff m’ont fait mûrir, j’ai appris à coacher de façon complètement différente. C’est un travail vraiment différent de celui que tu fournis en club, même si, parfois, ça s’en est rapproché avec de nombreux stages et beaucoup d’entraînements, les joueurs ont adhéré à ce principe et je les en félicite. Maintenant, est-ce que le fait que je débute une collaboration avec les filles du RC Cannes va changer ma façon de coacher les Bleus ? Je ne sais pas encore, j’avais besoin de coacher en club pour développer aussi mes qualités d’entraîneur, c’est en travaillant au quotidien qu’on apprend. Le RCC m’a offert un fantastique challenge, de très haut niveau, avec un jeu différent, du volley féminin, cette expérience ne peut que me servir et servir à l’équipe de France, je suis persuadé que nous serons tous gagnants. »

Les perspectives : « Ca fait partie de notre travail d’apporter su sang neuf »
« Il est encore trop tôt pour parler de l’avenir immédiat de ce groupe. Malgré la continuité que nous avons gardée en nous appuyant sur des joueurs référents, nous avons déjà apporté du renouvellement en faisant venir de nouveaux joueurs, Thibault Rossard et Trévor Clevenot, qui étaient avec nous, ici à Rio. Il y a toujours eu un petit roulement, ça fait aussi partie de notre travail d’apporter du sang neuf. Donc on reparlera plus tard du groupe qui préparera la prochaine échéance, les qualifications pour le Championnat du monde au mois de mai. »