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27/05/2015
Yves Bouget : « Un moment historique que le volley français ne doit pas rater »
Lors de l’Assemblée Générale de la Fédération Française de Volley-Ball le samedi 30 mai à Périgueux-Boulazac, le président Yves Bouget proposera le projet « Ambition Féminine Partagée 2015/2019 » destinée à relancer le volley féminin de haut niveau et particulièrement sa vitrine, l’équipe de France. Il nous en présente les grandes lignes et les enjeux.
Président, avant d’évoquer cet ambitieux projet, pouvez-vous d’abord nous parler du constat qui vous a poussé à l’élaborer ?

Le constat est double : le premier, c’est que, si on ausculte le secteur féminin aujourd’hui, on regarde d’abord sa vitrine, c’est-à-dire l’équipe de France. Force est de constater que, depuis des années, la France stagne aux alentours de la 40e place au ranking mondial, bien loin des nations majeures et bien loin de ce que représente le volley féminin dans notre Fédération, c’est-à-dire 49% des licenciés. Ce constat, que tout le monde est capable de faire, ne peut réjouir l’ensemble des acteurs qui oeuvrent tous les jours pour le développement de notre volley national. La deuxième réflexion consiste à dire que ce discours autour de la réforme nécessaire du volley féminin est une vieille antienne : de façon récurrente, on entend parler depuis des années de la nécessité de mettre en place un projet, et finalement, aucun n’a jamais vu le jour.

Qu’est-ce qui vous pousse à en présenter un aujourd’hui ?

C’est le fait que dans la temporalité des événements, il y a une situation exceptionnelle qui se présente pour le volley féminin et d’ailleurs, plutôt que projet « Ambition Féminine Partagée 2015/2019 », je l’appellerais le « Projet 24-19 ». Je m’explique : dans les années à venir, nous avons la conjonction de deux événements qui peuvent être des accélérateurs colossaux pour le volley féminin.

Lesquels ?

D’abord, nous voulons nous porter candidats à l’organisation du Championnat d’Europe féminin en 2019. J’ai déjà reçu des échos très favorables et un vrai soutien des pouvoirs publics quand je leur ai présenté mon projet d’organisation. Que ce soit auprès de la commission internationale du CNOSF, chez le Secrétaire d’Etat Thierry Braillard ou auprès des services du premier ministre, il existe une vraie adhésion, d’autant que la même année, la France organise la Coupe du monde féminine de football. Cela permettrait d’avoir un événement majeur en juin puis le Championnat d’Europe de volley fin septembre, la France serait alors l’acteur majeur du sport collectif féminin en termes d’organisation internationale. En outre, pour être proche des instances internationales, je peux vous assurer qu’est attendu avec impatience un vrai signe d’engagement du volley français dans le concert international. Nous avons donc cet objectif à très court terme qui nous permet de nous mettre en ordre de marche pour tirer l’équipe de France féminine vers cette échéance, dans la mesure où, qualifiée d’office, son objectif serait de viser le podium en 2019.

Comment s’y prendre concrètement ?

Nous avons mis en place un projet pour nous permettre de tenir cet objectif avec la notion d’équipe de France permanente : nous comptons mettre en place conjointement avec un club professionnel de la Ligue A féminine un club résident dans lequel nous regrouperons les forts potentiels. Aujourd’hui, les joueuses talentueuses de l’équipe de France sont sous contrat dans leur club et il est bien évidemment hors de question de les sortir de leur club. Derrière, nous avons un bon nombre de joueuses qui ont un vrai potentiel mais passent une grande partie de la saison sur le banc. L’objectif est de les regrouper dans ce club résident et d’y développer une philosophie de jeu conforme à la volonté du staff de l’équipe de France féminine en les confrontant au haut niveau en France puis en Europe. Ce club résident sera organisé en transversalité avec les Pôles France et Espoirs, avec, en fonction des évolutions des joueuses, des allers et retours possibles entre le club et ces Pôles afin de faire monter très vite une génération de soutien aux trois-quatre joueuses qui sont aujourd’hui titulaires dans leur club en Ligue A. C’est le premier étage de la fusée, lié à l’opportunité d’accueillir en France le Championnat d’Europe. Sachant qu’un an avant l’événement, nous constituerons une équipe de France commando, qui, pendant douze mois, entrera dans une phase de rencontres internationales de très haut niveau.

Quel est le deuxième étage de la fusée ?

Cette première phase n’est pas suffisante pour rénover en profondeur le volley féminin français. Si on veut aller plus loin, il faut se fixer un deuxième objectif à plus long terme. Or, nous avons la chance exceptionnelle d’avoir une candidature de Paris aux Jeux Olympiques 2024, à laquelle je crois fermement parce qu’il existe un véritable consensus autour d’elle - ce qui est extrêmement rare – lié au fait qu’elle est portée par les acteurs du monde sportif. Nous avons donc l’occasion d’adjoindre à ce projet de court terme 2019 un projet de moyen terme qui doit nous permettre de rénover en profondeur le volley français, et là, on parle de détection et de formation. Nous avons mis en place tout un rétro-planning pour faire monter en puissance des générations. 2024, c’est dans neuf ans, une joueuse qui, a aujourd’hui 14-15-16 ans, nous ne la connaissons pas encore, mais elle participera aux JO sous le maillot de l’équipe de France puisque nous serons qualifiés si nous sommes le pays organisateur. D’où la nécessité de se mettre au travail pour restructurer toute la détection et la formation de façon à ce que ces générations viennent alimenter nos équipes de France à partir de 2019 pour préparer ces Jeux Olympiques. Ce projet, à la différence fondamentale de tout ce que j’ai entendu dans les vingt ans écoulés, est aujourd’hui borné par deux objectifs, par une méthodologie, par un rétro-planning et par un budget.

Justement, comment sera-t-il financé ?

Compte tenu de l’époque de restrictions budgétaires dans laquelle nous vivons, il est complètement illusoire aujourd’hui de s’imaginer que les pouvoirs publics vont accepter de financer. Donc le signe fort que nous devons leur donner, c’est leur dire : nous avons un projet fort dans lequel nous croyons, nous allons le financer nous-mêmes, aidez-nous à organiser les événements pour accompagner ce développement. L’idée est de sacraliser un budget de 410.000 euros par an qui sera entre les mains d’un auditeur externe au monde du volley de façon à ce que ce projet fédéral vive jusqu’à son terme, que la présidence d’Yves Bouget continue ou pas. Nous demandons au volley français masculin et féminin d’être solidaire, via ce budget supplétif consacré au développement du volley féminin, cette solidarité se manifestera par un investissement de cinq euros par an par licencié pendant quatre ans.

Si le projet est adopté, quand le club résident sera-t-il mis en place ?

Ce club résident sera porté par un club existant de Ligue A dès le début de la saison 2016/2017. Nous lancerons un appel à candidature et je peux vous dire que j’ai déjà beaucoup de marques d’intérêt. La majorité des clubs de Ligue A féminine sont derrière ce projet, même des clubs de Ligue A masculine ont manifesté leur solidarité, j’ai l’appui du président de la Ligue Nationale de Volley qui est à 2000% derrière ce projet. Dans l’univers professionnel, il existe une vraie volonté de le voir aboutir, et lorsque nous l’avons présenté aux joueuses de l’équipe de France, j’ai senti un véritable engouement, elles se sont dit : « Enfin, le volley français veut nous faire exister ». Maintenant, c’est au monde fédéral à travers l’Assemblée Générale de décider, il a l’opportunité de profiter de ce que j’appellerais cette « conjonction des planètes » qu’on ne reverra pas de sitôt. C’est un moment historique que le volley français ne doit pas rater.