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(Miniature) Noa Duflos-Rossi : “Une expérience magique”
Photo : FIVB
06/08/2025
Noa Duflos-Rossi : “Une expérience magique”
A 17 ans seulement, il a déjà fait ses débuts en équipe de France A à l’occasion de la Volleyball Nations League, et il vient de remporter (à nouveau) le championnat du monde U19. Après cet été international particulièrement riche, et avant de partir en Italie pour rejoindre la prestigieuse Lube Civitanova, Noa Duflos-Rossi a répondu à nos questions.
Quel sentiment cela fait de gagner un championnat du monde U19 ?
C’est un rêve de gosse, c’est vraiment extraordinaire ce qu’on a vécu. C’était vraiment une expérience magique.

Votre entraîneur Jean-Manuel Leprovost vous décrit comme un groupe très soudé, une meute de loups. Tu confirmes ?
Oui clairement. Je suis arrivé en cours de préparation. Il nous a fallu un peu de temps pour trouver quelques réglages, mais on a vite pris nos marques et après on a déroulé notre jeu durant la compétition, en prenant beaucoup de plaisir à jouer ensemble. C’est pour cela qu’on a atteint ce niveau de jeu, qui nous a emmenés jusqu’au titre. Quand les gros matchs sont arrivés, on était tous à fond, déchainés ! Je ne dirais pas qu’on était devenus injouables, mais je pense qu’on était très difficiles à battre.

C’était ton deuxième Mondial U19, puisque tu étais déjà de l’aventure lors du précédent sacre il y a deux ans. En plus, cette fois tu étais capitaine, comment as-tu fait pour transmettre ton vécu ?
J’essayais de rassurer un peu le groupe, parce qu’au début de la compétition on avait un petit peu peur. On ne jouait pas très bien, on se faisait accrocher par certaines équipes. Mais je restais confiant, parce que je savais que quand les gros matchs allaient arriver, on allait élever notre niveau. J’ai essayé d’apporter de la sérénité. J’espère qu’ils m’ont écouté (rires), en tout cas ça s’est bien passé.

Et à l’arrivée, vous offrez un nouveau titre mondial au volley français...
On en a parlé ensemble, on ne se rend pas bien compte de ce qu’on a fait. C’est quand même énorme. C’est incroyable. Cela fait deux titres mondiaux d’affilée, alors qu’on n’en avait jamais remporté auparavant. C’est beau !

"Les champions olympiques ? Super sympas, super accueillants"

Au début de l’été, tu as disputé la Volleyball Nations League avec l’équipe de France A, les champions olympiques. Est-ce que tu pensais que cela arriverait aussi tôt ?
Non, pas du tout. Je ne m’y attendais vraiment pas. Je savais que j’avais fait une bonne saison en Ligue A, que j’avais été assez performant. Mais je ne pensais pas être appelé pour la VNL. J’étais hyper content quand j’ai reçu la convocation. Je ne pensais pas jouer la VNL, j’ai été sélectionné pour le stage de préparation au départ, puis pour le premier week-end de VNL, puis pour le deuxième (rires). C’était vraiment une expérience de fou ! Je suis vraiment super content, d’autant que tout est venu par surprise.

Tu n’étais pas le seul nouveau appelé par le sélectionneur Andrea Giani...
La première semaine, au Québec, on était plus de jeunes sans expérience de la VNL que d’anciens. Il y avait Amir Tizi-Oualou, Mathis Henno, Anatole Chaboissant, Nathan Féral... Beaucoup de jeunes qui ont bien tenu l’équipe, finalement, puisque sur les deux premières étapes de VNL, on gagne cinq matchs sur huit. On ne pensait pas forcément faire aussi bien.

Vous avez pu côtoyer certains champions olympiques. Ils vous ont bien accueillis ?
Ah oui ! Franchement, c’est un régal de jouer à leurs côtés, d’apprendre avec eux, de les côtoyer à l’entraînement, à l’hôtel, pendant les repas. Ce sont vraiment de super gars, super sympas, super accueillants. Ils nous ont mis à l’aise dès le début.

Et en plus, tu as du temps de jeu sur certains matchs en VNL...
C’était la première fois que je touchais le niveau international chez les seniors. Forcément, au début, c’est hyper impressionnant. Mais une fois que tu y es, tu prends du plaisir, tu joues, tu te régales. Mes premiers pas sur le terrain avec l’équipe de France, je ne suis pas près de les oublier.

Est-ce que tu t'es vite senti à l’aise ?
A l'aise, pas forcément. C’était vraiment impressionnant. J’ai mis du temps à m’en rendre compte. Mais sur terrain, oui, j’étais à l’aise, parce que les anciens comme Trevor (Clevenot) nous mettaient à l’aise. Ils étaient vraiment sympas, ils ne nous mettaient pas de pression. Ils nous apportaient du calme, même si au début, on se dit: “Wahou, c’est la VNL, je joue contre tel joueur, etc”.

A l’arrivée, es-tu satisfait de tes performances ?
Oui, je suis assez content. Je n’ai pas joué mon niveau de jeu normal, parce qu’il faut un peu de temps, au début. Mais je suis content de ce que j’ai fait, et je pense que les coachs étaient satisfaits.
  
 
"Je vis volley, je ne regarde que ça"

Parlons un peu de ton parcours. Est-ce que tu te souviens à quel âge tu as découvert le volley ?
Je ne sais pas, mais dès que j’ai pu, j’ai commencé le volley. Mon père (Patrick Duflos, ancien international français, ndlr) était l’entraîneur, donc j’ai suivi ses pas dès mon plus jeune âge. J’ai fait du tennis pendant quatre ans, en même temps que le volley. Mais j’ai vite compris, quand on est parti en Pologne avec mes parents, que c’était le sport collectif que je préférais. Je ne me suis consacré qu’au volley, c’était une évidence.

A 17 ans, tu as déjà joué en Ligue A, en équipe de France, tu es régulièrement surclassé en équipe de France de jeunes. Comment expliques-tu ta précocité ?
(Il hésite) C’est surement le fait que je sois depuis longtemps dans le milieu, et que mon père soit entraîneur, donc il m’a donné beaucoup de conseils. Je vis volley, je ne regarde que ça, du volley. Après, je ne sais pas, je ne peux pas dire pourquoi j’en suis là, aussi tôt. C’est sans doute parce que j’ai le niveau, et parce que les coachs aiment bien mon style de jeu.

Quelle est ta principale qualité, selon toi ?
L’envie de gagner ! J’ai toujours envie de gagner, envie de bien faire. La plupart du temps, ça paye. Il y a forcément des échecs, parce qu’on est jeunes, on a encore à apprendre. Mais je suis toujours à fond sur le terrain.

Et où est-ce que tu situes ta marge de progression ?
Un peu partout, mais surtout au niveau physique. C’est normal, je n’ai que 17 ans. Je joue avec des joueurs qui ont 25, 30 ans, qui sont professionnels depuis longtemps. Je sens que sur certains points, c’est surtout le physique qui pèche un peu. Mais ça va venir.

Quelles sont tes idoles dans le volley ?
Mon plus grand modèle, ça a toujours été Earvin (Ngapeth). Il m’a toujours impressionné, j’adore sa façon de jouer, je regarde beaucoup de vidéos de lui, pour voir ce qu’il fait. Après, il y a aussi Wilfredo Leon, l’un des plus grands joueurs du monde. Ce sont surtout ces deux joueurs-là. Et j’aime aussi Benjamin Toniutti, sa vision du jeu. Je suis un peu fan de toutes les légendes, je me suis beaucoup inspiré en regardant des vidéos. Je pense que c’est aussi pour ça que j’en suis ici.

Concernant Earvin Ngapeth, on t’a vu réussir sa “speciale”, l’attaque dos au filet, durant le Mondial U19...
Vu que j’aime bien son style de jeu, j’en tente parfois quelques-unes (rires). Parfois ça marche, parfois ça ne marche pas mais c’est mon style de jeu aussi, c’est d’être un peu foufou, un peu extravagant sur le terrain. J’essaye pas mal de choses ! 
 
"Los Angeles 2028, forcément j'y pense..."

Tu vas quitter Toulouse pour partir en Italie, rejoindre la Lube Civitanova, l’un des plus grands clubs du monde. Comment as-tu pris cette décision ?
C’était un choix vraiment difficile. J’ai parlé avec beaucoup de gens, avec des proches qui connaissent bien le volley, et avec mon père aussi, bien sûr. Il m’a donné des arguments, mais on a vraiment pris beaucoup de conseils, auprès de gens de confiance, comme Hubert Henno, qui nous a beaucoup aidés. L’offre en Italie était tellement belle, tellement intéressante sportivement. Et puis ça a toujours été mon rêve de jouer là-bas. Tout le monde m’a dit: “Vas-y, fonce ! Si tu le sens, prends ta chance.” Pour l’instant, je n’ai aucun regret, même si Toulouse était un super club pour lancer ma carrière, je ne pouvais pas rêver mieux. On a fait une super saison, avec un groupe de jeunes incroyables, on s’est vraiment régalé à jouer tous ensemble.

Dans le communiqué de Toulouse annonçant ton départ, le club explique que tu as reçu des garanties sportives en Italie. Tu confirmes ?
J’ai des garanties, oui, mais il faut quand même que je sois bon. Il faudra quand même prouver et gagner sa place. Si je suis bon, je serai sur le terrain. Et sinon, il faudra que je travaille encore plus. J’ai signé pour trois ans. C’est un beau projet que j’ai avec eux, j’ai le temps de prendre mes marques, mais j’ai envie de jouer le plus vite possible.

Tu sembles promis à une grande carrière. Quel est ton rêve dans le volley ?
C’est de faire tout ce que j’ai fait en jeunes, mais en seniors. Devenir champion d’Europe, gagner la VNL, le championnat du monde. Et ensuite, le plus grand rêve de tout le monde, c’est de gagner les Jeux Olympiques. Forcément, je pense à Los Angeles 2028, pour le triplé ! Ça va être dur, il va falloir que je travaille énormément pour gagner ma place, mais je pense que ce n’est pas impossible.